Le mariage je suis pour, pour tous

Le débat sur le mariage et la filiation ouverte aux couples de personnes homosexuelles s’envenime à quelques heures du dépôt du projet de loi. Mais la tension ne porte pas sur le fond, ni véritablement sur la forme. C’est la position de l’Eglise demandant la protection de l’enfant qui déchaîne les passions. Notamment quelques tweets accusant André Vingt-Trois de faire de l’humour pédophile… et la Une de Charlie Hebdo ce matin. Je vais vous dire, tout ça, ça me fait de la peine. C’est un dialogue de sourds, entre ceux qui voient dans l’Eglise la volonté d’éclairer les consciences, et de l’autre celle de quadriller les mœurs. Quant au Grand Orient, quoi de plus normal qu'il pense que l'Eglise soit à l'Ouest...
[message de service] Je vous préviens, à compter de cette ligne je vais partir dans tous les sens, et en plus ça va être long. Mais restez... je vous aime :-)
J’ai déjà avoué ici des choses bien pires que de conserver un profil sur Google+ : oui, je fréquente une paroisse catholique. Enfin quand je n’ai pas golf ou que je ne travaille pas le week-end (on fait comme on peut). Pour autant, impossible de me reconnaître dans le portrait que font de moi ceux qui occupent le devant de la scène : homophobe, coincé du cul, sectaire, arriéré… De l’autre côté, je ne me reconnais pas non plus dans le troupeau endimanché qui ouvre de grands yeux devant 2 nanas qui se bécotent. Ben oui, j’ai un côté brebis égarée, c’est ainsi ma bonne dame. Mais assez parlé de moi, revenons au sujet : le mariage.
Cette passion nouvelle pour le mariage
Le mariage passionne, je suis de ceux qui s’en réjouissent. Oui, le mariage passionne, il y a même une émission de téléréalité sur TF1, c'est dire ! Pourtant, l’un de mes profs me rappelait récemment que, lorsque je le subissais, c’était plutôt le divorce le sujet d’actualité. Il avoue être plutôt expérimenté... Un divorce devenu la norme, au point qu'hier encore, à part les prêtres et les homosexuels, personne ne semblait intéressé par le sujet (poke @ellesereconnaitra). Et pourtant, il n’y aucun sujet plus passionnant que l’amour. Mais est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Oui, parle-t-on d’amour dans ce débat sur le mariage ? On parle de politique, de PMA, de GPA, de gays, de trans, de bi, de lesbiennes, on parle de sexe, on parle de curés, on parle de droits, d’enfants, de parents… mais pas d’amour. En même temps, ça se comprend.
Après tout… Dans l'amour, le top, c'est le secret. Je dirais même, ces instants où ceux qui s'aiment ne le savent presque pas encore. A ceux qui disent que le mariage pour tous c'est un droit un bonheur, je demande : rendre public son amour le fait-il plus heureux ? Pourquoi faut-il toujours que le bonheur conjugal se partage à plus de 2, enfin, le bonheur… le buffet surtout. Cette joie naïve des nouveaux époux, ça creuse. Du coup, je le proclame : je ne partage pas l’avis général selon lequel faire reconnaître mon intimité par un édile local est une nécessité, sinon fiscale.
A l'opposé, devant le nombre de divorces, on parle d’une désaffection du mariage. Et si c’était par pudeur que tant de nos concitoyens renoncent à se prêter à ces cérémonies désuètes qui consistent à bisouiller sa/son chéri(e) dans des salles communales sous les hourras d’une foule commandée par un grassouillet à écharpe tricolore ? D’autant que derrière, les perspectives ne sont pas très réjouissantes : l’infidélité et la rupture, ou des gosses insolents qui répugnent à s'instruire (cf « l’amour dure trois ans », «  la délicatesse » ou « le cœur des hommes »). Bref, comme le dit Charlie Hebdo : « Demander à la société d’être le témoin de l’amour qu’on porte à quelqu’un est grotesque. Ce n’est ni plus ni moins que de l’exhibitionnisme. Mais, bon, chacun son truc. La connerie est un droit de l’homme, ce serait dommage qu’on le dénie aux homosexuels. » (ici)  Et pourtant...
Pour le mariage, pour tous !
Au demeurant, et puisque vous avez tenu jusque là, voici mon véritable aveu : JE SUIS POUR LE MARIAGE POUR TOUS ! Si si si. Et je ne dis pas ça pour flatter mes proches qui ont choisi de construire une conjugalité homosexuelle. Ni pour garder des followers sur Twitter. Par contre, a-t-on bien mesuré les conséquences fiscales de ce geste ? Car à multiplier les parts, on divise les contributions... Après l'impact du divorce et surtout de la garde alternée sur le marché immobilier dans les centres-villes, qui paiera la note du mariage étendu aux couples non mixtes ?
Mais surtout, sans conspuer mes voisins dominicaux qui manifestent « contre » ou « pour » selon la tournure de la phrase, je voudrais leur dire que je suis de tout cœur avec eux. Je voudrais seulement que ce non-débat soit l’occasion de proposer un autre modèle que ce mariage civil si vil qui n’a gardé du sacrement chrétien que quelques symboles, dont cette fidélité inventée à une époque où l’espérance de vie ne dépassait pas 40 ans.
En fait, je suis pour le mariage pour tous, parce que le mariage, c’est une aventure fabuleuse que je souhaite à tous mes amis ! (qui se marient peu d’ailleurs, c'est dommage, nous permettant certes de partir en vacances tranquilles tous les étés, mais bon pas de bouffer à l'oeil quelques samedis soirs…). Une aventure fabuleuse dont le bonheur se partage par le don de la vie. Et si cette vision des choses ne concerne que quelques uns d'entre nous, alors je voudrais que le projet de fonder une famille selon la nature humaine, une maman, un papa et autant d'enfants qu'ils voudront, cela puisse avoir du sens sans que la République foute son nez dans mes affaires. Tandis qu'elle peut s'occuper de combler les autres, tous seuls ils ne peuvent pas y arriver, ça c'est un fait...
Alors, réécrivez votre Code civil, je m'en fous. C'est trop tard. Vous en reviendrez peut-être, comme les Espagnols. Mais si c'était à refaire, j'irai trouver un prêtre sans voir un maire, en espérant qu'il soit courageux. Parce que ce n'est pas la dévolution de mon patrimoine que j'avais dans le coeur le jour où j'ai dit oui à mon épouse, un oui que je lui redis chaque jour...