A la recherche de la plus grande richesse au monde!
« La patience du tigre » est le troisième volet des aventures de Jeanne Picquigny. Après La tendresse des crocodiles (Seuil, en 2003), où la belle aventurière partait à la recherche de son père au coeur de l’Afrique, et « L’ivresse du poulpe » (Seuil, en 2004), où elle partait à la recherche de son compagnon, Eugène Love Peacock, c’est un vieux meuble ramené de ce dernier périple à Cuba qui l’emmène sur la route des Indes.
Si l’attente depuis la dernière aventure de Jeanne fut longue, la publication de « Lily Love Peacock » (Casterman, en 2006), narrant la vie quotidienne de la petite-fille d’Eugène Love Peacock, aura contribué à faire patienter des lecteurs, qui se réjouiront d’ailleurs au passage de la réédition des deux premiers tomes de la saga en un seul volume chez Casterman.
C’est donc un « stippo », sorte d’antiquité aux multiples tiroirs secrets, qui sert de prétexte à ce nouveau voyage qui démarre en Angleterre pour finalement emmener les protagonistes sur les sommets de l’Himalaya au bout d’un périple de plus de 500 pages. Du Yorkshire, à la rencontre du père bibliophile d’Eugène, au fin fond de l’Inde, en passant par le site de Stonehenge ou la ville portuaire de Whitby, rendue célèbre par Bram Stoker, ce nouveau voyage proposé par Fred Bernard est à nouveau rempli de richesses.
Lors de cette chasse au trésor ultime, l’auteur démontre une nouvelle fois sa capacité à brosser des protagonistes d’une grande justesse, en seulement quelques cases. Le lecteur retrouve donc des personnages romanesques, mais surtout des femmes extrêmement sensuelles. Après Louise O’Murphy et Victoire Goldfrapp, lors des deux tomes précédent, c’est Pamela Baladine Riverside qui démontre que, huit ans plus tard, Fred Bernard comprend toujours aussi bien les femmes. Les autres personnages, hauts en couleurs, tels que le père Peacock, Timoty Python ou le Maharajah, ne sont évidemment pas en reste.
Outre des personnages singuliers et dotés d’une incroyable richesse, l’auteur propose des dialogues parfaitement ciselés, mêlant humour, poésie, sagesse et passion. Partageant les émotions et les sentiments de ses protagonistes avec brio, l’auteur invite surtout à partir à la découverte de contrées lointaines aux richesses abondantes. Tout au long de l’album, l’auteur prend le temps d’imprégner le lecteur de l’ambiance des Indes des années 20. Ce voyage dépaysant, mêlant aventure, psychologie, rêve et poésie, qui invite surtout à partir à la découverte de soi et des autres est, à ce titre, à classer auprès des meilleures aventures de Corto Maltèse.
Visuellement, le trait volontairement brouillon de Fred Bernard croque à nouveau les personnages et l’environnement avec une efficacité aussi redoutable qu’étonnante.
Retrouvez ce splendide voyage dans mon Top de l’année.