Comment faire la part du talent et de l'esbroufe chez une pop star ? Facile : imposez-lui des contraintes. Genre, vous prenez une grande gueule comme Amanda Palmer, vous lui coupez les cordes vocales (enfin, au figuré), vous la plongez au milieu d'un public bien chaud, comme celui de La maroquinerie et vous attendez, voyez, écoutez ce qui se passe. Victime d'une extinction de voix, Amanda Palmer n'a pas renoncé à son concert vendredi dernier. Au contraire, elle a mis en scène son handicap d'un soir pour en faire une merveilleuse arme de communication et d'interaction avec le public, peut-être plus enjoyé qu'il ne l'eut été lors d'un concert "normal". Et deux heures de musique, de gags plus ou moins improvisés, de théâtralisation et d'idées loufoques plus loin (jusqu'à demander à deux filles du public, dont une étudiante américaine de Seattle à voix de canard, de chanter à sa place pendant qu'elle mimait les paroles en play back) l'affaire était dans le sac, la salle conquise et tout le monde avait en tête La cigale où la diva, serre-taille et soutif noirs, casquette de l'armée bordurienne et piano Kurt Weill, mettra le feu en mars prochain. D'ici là, bon rétablissement Miss Palmer. Et si vous êtes l'objet de polémiques en raison du curieux mode de financement de votre dernier album (vous plumeriez vos fans, donc ?), dites-vous bien qu'on s'en fout : la générosité de vos concerts répond de votre intégrité publique, et s'il faut se faire plumer par vous pour accéder à votre talent, n'hésitez pas, plumez-moi bien, je ne demande que ça.
Pour plus d'infos sur cette soirée, un joli billet trouvé chez le webzine musical C! Le cargo, à lire ICI.
Une vidéo peut-être ? Dans cette version de The killing type (clip), un titre du très bel album Theatre is Evil, ne figure pas l'avertissement ajouté par Youtube, disant que la vidéo est destinée à un public adulte. Donc je vous le précise, si vous n'êtes pas adulte, cette vidéo n'est pas pour vous (n'est-ce pas Léo ?). En même temps, keep calm, le liquide rouge vers la fin du clip n'est pas du sang. Pas du vrai sang. Enfin, il me semble.
Une seconde vidéo pour les lecteurs plus intéressés et pas pressés : quasiment un concert entier, il y a un mois, à NYC, pour la sortie de l'album :
Sinon,
A peine j'avais mis en ligne le premier post de cette nouvelle rubrique "C'est mercredi, c'est permis !", le mercredi étant pour tout le monde le jour du cinéma, qu'on allait passer notre première semaine sans un seul film depuis... Wouff, longtemps. Et le ballet de Gallotta, alors, c'était bien ? Ben, on a pas pu y aller, c'est bête, mais peut-être qu'on se rattrapera à l'occasion d'un prochain weekend lyonnais puisque Racheter la mort des gestes, pièce pour 10 danseurs et 20 intervenants amateurs, sera à la Maison de la danse en février. Ça bosse dur à la maison, en ce moment, alors on sort pas beaucoup.
Cette réclusion a été l'occasion d'une vraie découverte. Une série. C'est bien d'avoir une série à soi, des rendez-vous réguliers avec la vie des gens, pour peu qu'ils soient intéressants (ce qui exclue Dexter ; je me demande ce qui plait tant dans ce feuilleton mal pensé, mal foutu et réac comme c'est rare : Dexter vote Romney comme tous ces cons d'américains qui se croient un destin à condition que ce destin ne soit pas collectif) et là, je vais vous épater, c'est une série danoise, écrite, réalisée et produite par le jeune Lars Von Trier entre 1993 et 1997. C'est E. qui l'a découverte, c'est elle la spécialiste et fan de LVT. Ça s'appelle L'hôpital et ses fantômes, c'est en deux saisons de quatre épisodes d'un peu plus d'une heure et c'est absolument prenant, envoutant, captivant donc passionnant. Un hôpital construit sur un lieu maléfique, comme une voiture en stationnement dangereux : il faut que ça pète, mais si c'est du cinéma (ou une bonne série), ce qui compte c'est la façon dont le machin est conduit à péter. Et là, LVT nous promène en beauté parmi les miasmes dangereux de son imagination dérangée. J'y reviens la semaine prochaine après un ou deux épisodes de plus, pour confirmer ou infirmer.
Pour finir, le grand, le vrai, le beau, l'événement de cette semaine est la sortie lundi dernier de Vengeance, le dernier Biolay. Pas de vidéo, pas de titre à écouter, on y revient dans quelques jours. Et le 11 novembre, BB sera le héros du Festival des Inrocks.
Bon mercredi, bonne semaine. Et les ricains, keep calm, vote Obama.