A l'heure où j'écris ces mots, l'Amérique vote et je ne sais pas pour qui. J'ai été pris depuis quelques jours de tremblements intérieurs violents en constatant que le candidat et le tartuffe sont au coude-à-coude dans les sondages. Allez les ricains, faites pas les cons ou je vous envoie Michel Sardou.
Comment faire la part du talent et de l'esbroufe chez une pop star ? Facile : imposez-lui des contraintes. Genre, vous prenez une grande gueule comme Amanda Palmer, vous lui coupez les cordes vocales (enfin, au figuré), vous la plongez au milieu d'un public bien chaud, comme celui de La maroquinerie et vous attendez, voyez, écoutez ce qui se passe. Victime d'une extinction de voix, Amanda Palmer n'a pas renoncé à son concert vendredi dernier. Au contraire, elle a mis en scène son handicap d'un soir pour en faire une merveilleuse arme de communication et d'interaction avec le public, peut-être plus enjoyé qu'il ne l'eut été lors d'un concert "normal". Et deux heures de musique, de gags plus ou moins improvisés, de théâtralisation et d'idées loufoques plus loin (jusqu'à demander à deux filles du public, dont une étudiante américaine de Seattle à voix de canard, de chanter à sa place pendant qu'elle mimait les paroles en play back) l'affaire était dans le sac, la salle conquise et tout le monde avait en tête La cigale où la diva, serre-taille et soutif noirs, casquette de l'armée bordurienne et piano Kurt Weill, mettra le feu en mars prochain. D'ici là, bon rétablissement Miss Palmer. Et si vous êtes l'objet de polémiques en raison du curieux mode de financement de votre dernier album (vous plumeriez vos fans, donc ?), dites-vous bien qu'on s'en fout : la générosité de vos concerts répond de votre intégrité publique, et s'il faut se faire plumer par vous pour accéder à votre talent, n'hésitez pas, plumez-moi bien, je ne demande que ça.
Pour plus d'infos sur cette soirée, un joli billet trouvé chez le webzine musical C! Le cargo, à lire ICI.
Une vidéo peut-être ? Dans cette version de The killing type (clip), un titre du très bel album Theatre is Evil, ne figure pas l'avertissement ajouté par Youtube, disant que la vidéo est destinée à un public adulte. Donc je vous le précise, si vous n'êtes pas adulte, cette vidéo n'est pas pour vous (n'est-ce pas Léo ?). En même temps, keep calm, le liquide rouge vers la fin du clip n'est pas du sang. Pas du vrai sang. Enfin, il me semble.
Une seconde vidéo pour les lecteurs plus intéressés et pas pressés : quasiment un concert entier, il y a un mois, à NYC, pour la sortie de l'album :
Sinon,
samedi, on n'a pas vraiment aimé l'expo Alice Springs à la MEP (voir le site de cet endroit où par ailleurs on se sent bien, à deux pas de la Bastille). Ça nous semblait profitable, après avoir tant apprécié la rétrospective Helmut Newton au Grand Palais (voir le site Grand format), de voir les travaux de Bobonne à la MEP. J'en avais des souvenirs assez sexy. En revenant de l'expo, deux constatations : Alice Springs, dont les portraits de la jet set sont bien faits, à l'image de cette population inintéressante mais parfois photogénique de couturiers, publicitaires, rentiers, artistes et modèles, Mme Springs donc, alias June Newton, a eu bien du talent d'épouser un photographe aussi prestigieux et doté d'un tel carnet d'adresses [quelques images fortes dues essentiellement à la personnalité du modèle comme, ci-contre, Richard Mapplethorpe et sa belle gueule arrogante, non conforme aux règles d'ici-bas]. Autre constatation : quel dommage d'avoir perdu tout ce temps à contempler le diner de têtes d'Alice-June et de n'avoir eu que quelques minutes pour piquer une tête revigorante dans les vagues bienheureuses de Claude Nori, un photographe qui ose afficher cette profession de bonne foi : "L'appareil photographique est un instrument de séduction qui me sert à rencontrer des filles, à briser quelquefois le mur de l'indifférence et à égayer les couloirs souvent glauques de la réalité." Cette maxime se reflète dans ses photos, qui semblent sortir d'un album de vacances réussi, comme celles ci-dessous : vespa ou voiture de sport, plage, soleil et jolie ragazza, que demande le people.© Claude Nori© Claude Nori
A peine j'avais mis en ligne le premier post de cette nouvelle rubrique "C'est mercredi, c'est permis !", le mercredi étant pour tout le monde le jour du cinéma, qu'on allait passer notre première semaine sans un seul film depuis... Wouff, longtemps. Et le ballet de Gallotta, alors, c'était bien ? Ben, on a pas pu y aller, c'est bête, mais peut-être qu'on se rattrapera à l'occasion d'un prochain weekend lyonnais puisque Racheter la mort des gestes, pièce pour 10 danseurs et 20 intervenants amateurs, sera à la Maison de la danse en février. Ça bosse dur à la maison, en ce moment, alors on sort pas beaucoup.
Cette réclusion a été l'occasion d'une vraie découverte. Une série. C'est bien d'avoir une série à soi, des rendez-vous réguliers avec la vie des gens, pour peu qu'ils soient intéressants (ce qui exclue Dexter ; je me demande ce qui plait tant dans ce feuilleton mal pensé, mal foutu et réac comme c'est rare : Dexter vote Romney comme tous ces cons d'américains qui se croient un destin à condition que ce destin ne soit pas collectif) et là, je vais vous épater, c'est une série danoise, écrite, réalisée et produite par le jeune Lars Von Trier entre 1993 et 1997. C'est E. qui l'a découverte, c'est elle la spécialiste et fan de LVT. Ça s'appelle L'hôpital et ses fantômes, c'est en deux saisons de quatre épisodes d'un peu plus d'une heure et c'est absolument prenant, envoutant, captivant donc passionnant. Un hôpital construit sur un lieu maléfique, comme une voiture en stationnement dangereux : il faut que ça pète, mais si c'est du cinéma (ou une bonne série), ce qui compte c'est la façon dont le machin est conduit à péter. Et là, LVT nous promène en beauté parmi les miasmes dangereux de son imagination dérangée. J'y reviens la semaine prochaine après un ou deux épisodes de plus, pour confirmer ou infirmer.
Pour finir, le grand, le vrai, le beau, l'événement de cette semaine est la sortie lundi dernier de Vengeance, le dernier Biolay. Pas de vidéo, pas de titre à écouter, on y revient dans quelques jours. Et le 11 novembre, BB sera le héros du Festival des Inrocks.
Bon mercredi, bonne semaine. Et les ricains, keep calm, vote Obama.