"Le problème est que les banques préfèrent spéculer que de prêter de l'argent aux PME, créatrices d'emplois. Elles créent ainsi de l'instabilité, mais comme cela leur permet de verser de beaux salaires à leurs p-dg, elles continuent. Il faut donc de nouvelles régulations qui empêchent ces excès, qui interdisent les bonus pour des prises excessives de risque. De mon point de vue, la gouvernance des entreprises doit aussi être repensée, car les p-dg ont trop de pouvoir, une trop grosse part des bénéfices, une attitude trop court-termiste.
"Une taxe sur les transactions financières"
(…) Je suis en faveur de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières. Les obstacles à cette mise en place sont multiples, mais, surtout, ils émanent des marchés eux-mêmes qui font tellement d'argent avec ces activités. Les États-Unis et, dans une moindre mesure, le Royaume-Uni font particulièrement obstacles à l'instauration de cette taxe, en raison de la trop grande collaboration entre la finance et la politique via les contributions de campagnes, les lobbys... Je pense que les pays européens devraient trouver comment mettre en œuvre ces taxes, même sans le feu vert des Etats-Unis et du Royaume-Uni", a déclaré Joseph Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001 et ancien économiste en chef de la Banque mondiale.Outre la création de cette taxe, Joseph Stiglitz espère beaucoup des fonds souverains qui devraient, selon lui, "s’inscrire sur le long terme et se montrer plus à l'écoute des besoins des citoyens, des problèmes du réchauffement climatique et du développement durable". L’idée est que ces fonds permettent aux marchés d'être plus responsables. Un espoir bien naïf vu que les managers de ces fonds sont évalués par comparaison avec les résultats des fonds classiques. Difficile donc d’inverser la machine dans ces conditions.