Le Petit Saint Benoît - bistrot à Saint-Germain - Paris 6
Le Petit Saint Benoît se targue d’exister de puis 1901. Cette brasserie germanopratine, de propriétaires en propriétaires, a produit le décor idoine succombant à tous les clichés de la cantine parisienne à l’ancienne, nappe à carreaux vichy rouge et blanc, chaises bistrot et tables en bois patinées par les ans, banquette en moleskine rapiécée. Comme si la décoration tentait d’argumenter en faveur de l’authenticité du lieu.
Le Petit Saint Benoît - 4, rue Saint Benoît - Paris 6
Il s’agit d’un bistrot à la française un peu comme se l’imaginent les américains avec un côté pas très net, dans son jus. Le lieu est plutôt convivial néanmoins, les habitués y ont leur rond de serviette (même si pour le coup je n’ai jamais vu quelqu’un y récupérer son rond, cela doit se passer le midi). En adresse typiquement rive gauche, touristes, galeristes et éditeurs se croisent et s’ignorent. L’étroite terrasse sur un bout de trottoir, à l’écart de l’intense animation de Saint Germain a acquis une certaine réputation car elle est fort prisée l’été a défaut d’être charmante. Il s’agit tout de même de dîner à 30 cm des voitures.
Petit Saint Benoît - La salle
Petit Saint Benoît - Cantine parisienne
Le service jeune tourne beaucoup. Il est rare de reconnaître le personnel en salle d’une fois sur l’autre. Cela donne des troupes pas toujours au point qui cultivent leur efficacité, le rendement au détriment de l’amabilité. Je jette mon dévolu sur la salade César indiqué au menu mais la serveuse m’explique comme si j’étais une demeurée profonde que non ce n’est pas possible qu’aujourd’hui c’est salade niçoise. Encore une qui me prend pour une voyante extra-lucide et qui s’imagine que j’ai la science infuse. Je suggère d’inscrire à la carte plutôt salade du jour alors. Haussement d’épaules et soupir de la part de notre accorte hôtesse. Charmante. Le dîner sera plus bref que prévu.
Petit Saint Benoît - Tartare bœuf charolais au couteau tradition
Petit Saint Benoît - Lentilles à la saucisse de Strasbourg
Ce sera donc steak tartare bœuf charolais au couteau tradition à l’italienne (avec câpres et parmesan malheureusement tout moulu au lieu d ‘être en copeaux). Je suis extrêmement perplexe quand à la revendication maison de ce plat. Un tartare qui arrive moins de cinq minutes après la commande, c’est suspect et d’autant plus lorsque le dit morceau de viande est déjà tout préparé. C’est correct mais loin de ce que l’on est en droit d’attendre d’un bistrot si fier de sa longévité. L’assiette est apathique, les frites ont eu un coup de chaud.
De l’autre côté de la table, le plat du jour selon marché, les lentilles aux saucisses de Strasbourg enfin à la saucisse puisqu'entière elle est absolument solitaire, se débrouille pas mal du tout avec son sympathique accent terroir.
Tradition de l’établissement, le vin au pichet de 50 cl, Bordeaux, Cote du Rhône, Gamay, Sauvignon ou Rosé – 9,50 – avec un Gamay d'une certaine tenue pour un vin de table tout simple.
Nous passerons sur les desserts étant donné l'amabilité de la serveuse et malgré son insistance d'abeille industrieuse bougonne.
La carte immuable conforte les américains dans leur vision de la gastronomie française : escargots - 9,50 euro la douzaine - terrine du jour - 4 euro - œuf dur mayonnaise - 2,50 euro - soupe à l’oignon gratinée - 4 euro - canard confit - 13,50 euro -bœuf bourguignon en cocotte - 13,50 euro. Ca n’est pas très cher surtout pour le quartier mais ça n’est pas non plus vraiment subtil. Cuisine roborative, cuisine de brasserie sans malice, sans aspérités avec une bonne part des plats que je soupçonne d’être surgelés.
Petit détail qui chiffonne à l’addition, les cartes de crédit ne sont pas acceptées, les chèques par contre si mais qui se promène avec son chéquier de nos jours. Heureusement, les distributeurs sont légion dans le quartier pas besoin de cavaler trop loin.
Le Petit Saint- Benoît4, rue Saint Benoît – Paris 6Horaires : ouvert du mardi au samedi de 12h à 14h30 et de 19h à 22h30 (pas de réservation)Tél : 01 42 60 27 92