Auteur : Amin Maalouf
Titre : Les jardins de lumière
Editions : JC Lattès
Pages : 345
« Quand, sur toute la surface de la Terre, il ne se trouvera plus un seul être qui veuille nourrir un sage, c’est que le monde ne mérite plus les sages, et qu’il est temps pour eux de s’en aller. »
Mani
Ce livre est la biographie romancée du fondateur de la religion du manichéisme, « Mani ». Il commence par nous raconter les conditions dans lesquelles il est né et dans lesquelles il a grandi. Avant sa naissance, son père « Pattig », quitte le foyer familial et rejoint le mouvement Elkasaïtes (ou Elcésaïtes) dont les membres mènent une vie de privation et de dépouillement extrêmes respectant ainsi une série de règles strictes à observer tout au long de leurs vies. À l’âge de quatre ans, son père l’emmène vivre avec lui, mais ne le traite pas différemment de ses coreligionnaires.
À l’aube de ses 12 ans, « Mani » a une révélation : un jour il devra quitter la secte, dont il n’a jamais véritablement fait partie, et deviendra le porteur d’un nouveau message. Il sera le prophète d’une nouvelle religion qui prônera les principes d’égalité et de paix et qui ne cherchera jamais à exclure les autres croyances ou à les dénigrer. C’est à l’âge de vingt-quatre ans que « Mani » a reçu de son « jumeau » la permission de quitter les siens et d’aller à la rencontre de son destin. Sur sa route, nombreux sont ceux qui l’ont écouté et qui ont fini par le suivre. Mais la rencontre qui l’a sans doute le plus aidé à répandre ses enseignements fût celle du roi sassanide « Shabuhr » qui, fasciné par « Mani », a vu en lui l’espoir de réunir tous les peuples de son royaume sous l’étendard d’une religion unique. Il lui a d’abord donné sa protection dans l’exercice de sa prophétie, puis, il s’est joint à son mouvement. Comme tout porteur de message d’apaisement et tout au long de son parcours, « Mani » a subi la persécution et la perfidie de ceux qui n’ont pas intérêt à ce que la paix s’installe et cela, jusqu’à sa fin tragique.
La couverture de l’édition de poche
Une œuvre passionnante où les faits historiques se trouvent mêlés à l’imagination fertile d’Amin Maalouf qui prouve ici, encore une fois, sa capacité extraordinaire à recréer les ambiances des temps anciens et à raviver notre intérêt envers des personnages historiques qui certes ont eu une grande influence en leur temps, mais qui sont tombés aujourd’hui dans l’oubli. Ce roman ne vaut pas à mon avis un « Samarcande », mais demeure captivant et vaut plus que largement le détour.
Une brève présentation du personnage principal et de son message :
Peintre, médecin et philosophe, Mani est né en l’année 216 à Ctésiphon en Mésopotamie. Il est issu d’un milieu chrétien et a grandi parmi les membres de la secte des Elkasaïtes. Il l’a quitté à l’âge de 24 ans pour propager la religion du manichéisme. Cette nouvelle croyance comporte des influences à la fois bouddhistes (principe de la réincarnation) et des valeurs et emblèmes chrétiens (prône de l’abstinence et utilisation de la croix en symbole du lien entre l’homme et dieu). Il a en effet été surnommé « le Bouddah de Lumière » et « l’apôtre de Jesus ». Le manichéisme repose sur le principe qu’en toute chose se mêlent le bien et le mal. Et c’est précisément en cela que se trouve la contradiction entre les principes portés par cette religion et la signification qu’a aujourd’hui le mot manichéisme dont le sens a été galvaudé, dénaturé et vidé de son essence.
Pour aller plus loin :
Amin Maalouf parle du personnage principal de son roman.