Séduisante, la proposition de rentrée du Théâtre Artistic Athévains qui nous donne à voir et entendre un texte à la fois amusant, poétique, et touchant de Valérie Alane, traitant de la science des rêves, baladant le spectateur dans l'inconscient de son personnage principal. Pour ce faire, Christophe Lidon signe un travail visuellement riche et surprenant, onirique à souhait (forcément), soigneusement destructuré, au sein duquel musique et vidéo, intelligemment exploitées, occupent une place essentielle.
L'histoire est originale. Zéro (c'est son prénom) ne supporte le monde qu'endormi, et vit parmi ses songes. Un jour, Alice lui propose de les photographier afin qu'il en conserve une trace. Acceptant cela, il va devoir se confronter à la réalité déformée de son existence, la décrypter, l'analyser, mettre des mots sur ses maux... Les personnages fantasmés vont alors surgir des clichés fraîchement saisis, révéler leur véritable identité, puis dialoguer avec Zéro afin de l'aider à avancer dans une vie dont il n'a pas encore trouvé la clef...
Bernard Malaka campe un Zéro intense et torturé, en questionnement permanent, face à un entourage improblable et spectral qu'il peine à reconnaître, malgré l'aide de Valérie Alane qui incarne une Alice mystérieuse et rayonnante... La drolatique Marie-Christine Danède prend les traits de sa mère, un brin perturbée et survoltée. La très juste Sarah Biasini, qui ne cesse de gagner en assurance et en précision au fil de ses aventures théâtrales, ceux d'une soeur qu'il n'a jamais eue. Le non moins impeccable Denis Berner interprète son parrain qui se révèlera être...son père ! N'oublions pas Sylvain Katan en double de Zéro (Zéro 2) aussi paumé que l'original. Avec conviction, tous donnent vie à ce charmant bazar qui ne manque pas de profondeur.
Les images conçues par Stéphane Cottin, comédien ici vidéaste, projetées sur les éléments de décor, les accessoires et les artistes, naviguent pour leur part gracieusement entre figuratif et abstrait. Les compositions d'Alvaro Bello, sur lesquelles sont parfois couchées des paroles de chansons, achèvent quant à elles de nous transporter dans cet univers troublant aux frontières volontairement poreuses et confuses.
Beau moment.
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Photos : Michael Stampe