Reconstituer un os micro-fracturé en injectant un ciment réparateur est devenu monnaie courante. Mais, comme le ciment reste dans l’os, la cicatrisation complète a du mal à se faire. D’où l’intérêt de ce matériau biodégradable qui a réclamé à six laboratoires trois ans de recherche.
Le ciment biomimétique injectable permet d’alléger l’intervention chirurgicale et d’améliorer le confort du patient. © D.R.
Un Français sur trois devrait avoir 60 ans ou plus en 2050 – contre un sur cinq en 2005, selon l’Insee. Parmi les conséquences de ce vieillissement, le nombre de micro-fractures ou de défauts osseux devrait considérablement augmenter. D’où l’intérêt de la »cimentoplastie » qui consiste à injecter à l’aide d’une seringue dans l’os fissuré un ciment capable de simuler l’apatite, à savoir la matière minérale qui constitue le squelette, afin de soutenir l’os pendant sa guérison.Problème : les ciments qui existent sur le marché peinent, pour la plupart, à être entièrement dégradés par l’organisme.
Le 8 octobre, Sylvaine Jacquart, doctorante à l’INP Toulouse, a reçu une Bourse pour les femmes et la science (L’Oréal-Unesco), dans le cadre de ses travaux de recherche. © D.R.
Sortie en 2014. « Le corps étranger reste dans l’os et l’empêche de se reconstituer. Du coup, la fracture ne cicatrise pas entièrement », explique Sylvaine Jacquart, ingénieure-doctorante à l’institut Carnot- Cirimat (Centre inter-universitaire de recherche en ingénierie matériaux) de Toulouse, un des six laboratoires de recherche qui collaborent à ce projet – c’est dire l’importance de l’enjeu. Objectif : développer une substance qui se dégrade mieux. « Nous enrichissons notre ciment en carbonate de calcium », résume la scientifique. «Tous les tests montrent que ce composant se détériore très rapidement dans l’organisme. » En fonction du volume injecté, le temps de résorption de ce matériau devrait être réduit en moyenne à 6 mois. Après 3 ans de recherche, ce ciment devrait être commercialisé début 2014 par une PME française spécialisée dans la réparation osseuse. Les applications sont attendues en chirurgie maxillo-faciale (dentition), orthopédique et spinale (liée à la colonne vertébrale). Pour l’heure, les tests se poursuivent.
© Guillaume Pierre