Babelio, partenaire du Goncourt des Lycéens
A quelques jours de la remise du Goncourt des Lycéens, l’équipe de Babelio a rencontré Marion Hislen, responsable du Pôle Livre et Photo Fnac au sujet de l’organisation du Prix Goncourt des Lycéens. C’est l’occasion d’en savoir plus sur l’un des prix littéraires les plus prestigieux !
-Comment la Fnac et le prix Goncourt des Lycéens concilient exigence de qualité avec le besoin de démocratiser la lecture ?
L’exigence de qualité, elle est là de fait, puisque nous prenons la liste du Goncourt. Au niveau des livres en compétition, nous n’avons pas cette problématique de crédibilité.
Là où nous on agit par rapport à cette « démocratisation » ou au fait que les jeunes puissent accéder à la lecture, c’est que nous envoyons sept exemplaires de chaque livre dans chaque lycée participant et que nous organisons des rencontres, d’abord avec les « rencontres-métiers » -c’est-à-dire que nous envoyons des éditeurs, des libraires, des imprimeurs dans chaque lycée- ensuite avec les rencontres avec les auteurs du Goncourt. Nous organisons et finançons intégralement ce qui se passe autour du prix : l’envoi des livres et l’organisation des rencontres.
Pour le prix, nous leur donnons une matière et on leur dit non seulement de réfléchir, mais aussi d’avoir un sens critique et de choisir, de sélectionner, de les mettre, en sommes, en position de juges ! Cela les met dans une position très différente qu’ils ont normalement par rapport à l’institution éducatif et du rôle qu’ils ont en tant qu’élèves et adolescents. Avec le Goncourt des lycéens, ils ont une vraie responsabilité dans un prix d’envergure nationale auquel ils n’ont pas choisi de participer à l’origine.
-Est-ce que c’est important pour les lycéens de voir les auteurs et est-ce que le fait de les voir joue dans les délibérations ?
Je pense que cela joue un peu. Le fait de voir des auteurs parler peut changer leur perception du livre. « L’enfant grec » de Vassilis Alexakis, par exemple, n’est pas un livre facile pour les lycéens. L’entendre parler de son livre peut changer l’idée qu’ils se faisaient de celui-ci. Mais je ne suis pas sûre que cela change complètement les délibérations au final. Mais, au delà du prix, cela reste important pour eux de voir l’auteur en chair et en os, chose qu’ils n’ont jamais l’occasion de faire. Cela leur permet d’appréhender différemment le texte.
-Se prennent-ils tous au jeu ?
Ce qui est amusant c’est qu’ils ont tous très peur au moment de commencer et se demandent comment ils pourront lire autant de livres en si peu de temps. Cette peur se transforme petit à petit en un véritable plaisir. Ils rentrent dans le jeu dès qu’ils se rendent compte de leur responsabilité. Les rencontres sont programmées au milieu de leurs lectures. La préparation des questions est à cet égard très intéressante et leur permet de les impliquer d’avantage dans la lecture et dans le fonctionnement du prix.
-Quelles sont les réactions des auteurs ? Ce prix a-t-il une importance particulière pour eux ?
Oui, je crois ! Il y a un vrai plaisir des auteurs à rencontrer les lycéens, à parler avec eux. C’est un univers complètement différent de ce qu’ils voient d’habitude. Le prix a ainsi une très bonne réputation auprès des auteurs et des maisons d’édition. Il n’y a pas de politique, de questions d’éditeurs, des polémiques, il y a jute des lycéens qui ont lu et aimé leurs livres.
-Le prix avait initialement pour objectif de faire lire les jeunes, pensez-vous que la lecture soit menacée ? Quel est l’apport principal du Goncourt des lycéens ?
S’il y a bien une chose que le Goncourt des lycéens a contribué à faire lire aux jeunes, c’est la littérature contemporaine ! L’auteur le plus contemporain que les lycéens lisent d’habitude, c’est Albert Camus. Cela leur permet de voir qu’il existe une autre littérature : il y a une littérature d’écrivains vivants et cela est pour certains d’entre eux une découverte. Une découverte imposée mais une découverte tout de même.
-Pensez-vous que le numérique et internet modifient la lecture et la découverte des livres ? Quelle est la place du numérique dans le prix ?
Nous testons justement la lecture numérique cette année. Nous avons envoyé quelques liseuses Kobo à une classe de lycée. C’est la première année où nous le faisons mais c’était important de le faire. Nous allons voir si cela change leur rapport au texte, à la lecture et si l’expérience est positive. Il est cependant encore trop tôt pour tirer des conclusions !
-Un petit mot sur la sélection de cette année ?
Pour le prix je me prête également au jeu et réfléchis, en lisant les livres, à quelles questions je pourrais poser aux auteurs ! Ce n’est pas un exercice évident…
Je pense que le roman de Joël Dicker, La vérité sur l’affaire Harry Québert, a toutes ses chances. C’est un texte qui leur est très accessible qui est passionnant. Verdict le 15 novembre !
Merci à Marion Hislen et à Marion Salemkour !
Qui pour succéder à Carole Martinez ?
Le lauréat du prix Goncourt des lycéens sera connu le 15 novembre ! Basée sur celle du prix Goncourt, la liste du prix Goncourt des lycéens comporte 11 romans :
L’enfant grec, Vassilis Alexakis, Stock ;
Partages, Gwenaëlle Aubry, Mercure de France ;
Ils désertent, Thierry Beinstingel, Éditions Fayard ;
Orchidée fixe, Serge Bramly, Lattes ;
Peste et Choléra, Patrick Deville, Seuil ;
La vérité sur l’affaire Harry Québert, Joël Dicker, De Fallois Eds ;
Le sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari, Actes sud ;
Quel trésor !, Gaspard-Marie Janvier, Editions Fayard ;
Lame de fond, Linda Lê, Bourgois ;
Le terroriste noir, Tierno Monénembo, Seuil ;
Comme une bête, Joy Sorman, Gallimard
Qui voyez-vous remporter ce prix littéraire décerné par de jeunes lecteurs ? Et si vous pouviez-voter, à quel roman donneriez-vous votre voix ?
Venez en parler ici !
Serge Bramly (qui nous a récemment accordé une interview ici pour son roman « Orchidée fixe« ) et Vassilis Alexakis dédicacent leurs romans lors de la rencontre avec les lycéens à la Bibliothèque Nationale de France à Paris.