L’industrie de l’édition est-elle encore en bonne santé ?

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc

Source : Actualitte 05/11/2012


Plusieurs débats tenus ces dernières semaines par les professionels de l’édition Outre-Atlantique ont abouti à la conclusion que l’édition devait être « sauvée », beaucoup doutant de son actuelle santé. Colin Robinson en a même appelé à une « réformation » en désignant « 9,5 points » importants à prendre en compte. Forbes, en peu de temps, a démonté cette théorie. Aujourd’hui, c’est au tour d’un autre média, The Atlantic, sous le nom de Peter Osnos, de penser l’édition autrement. Il n’affirme rien de moins qu’il faille laisser au banc « les prophètes du malheur » et d’envisager l’édition comme une industrie qui sait et peut s’adapter.

Pas de chute libre, l’édition est en bonne santé

Il n’y a quoi voir la saison automnale de l’édition qui « bat son plein ». Enfin, ça a toujours été plus ou moins le cas, qu’il y ait de l’argent dans les maisons, ou non. Mais, selon The Atlantic, l’année 2012 est un bon cru au niveau de la fiction et du documentaire. Sans compter les « best-seller » de JK Rowling, mais aussi celui de Michael Chabon, Ken Follett, et Junot Diaz, entre autres. D’ailleurs, au niveau de la littérature outre-atlantique, Junot Diaz, avec This Is How You Lose Her,se porte plutôt bien. Il està la fois finaliste du National Book Award et primé d’un MacArthur « Genius » prize. Sinon, Stephen Colbert, Arnold Schwarzenegger, Neil Young, Bob Woodward et Salman Rushdie « ne sont qu’un échantillon des best-sellers de la non-fiction ».

« Tout ce qui peut se passer dans cette période tumultueuse de transition, dans la façon dont les livres sont produits et distribués, en considérant la gamme et la qualité de tant de titres, voilà la preuve incontestable que notre marché a des écrivains et des lecteurs en un nombre de chiffres impressionnants », déclare Peter Osnos. C’est le moment de revenir sur les déclarations de  Colin Robinson et sur ses « dix façons de sauver l’industrie de l’édition », déclarées dans The Guardian. Son dernier paragraphe de synthèse était sombre quant à l’état de l’industrie du livre : « Les ventes de livres stagnent, les marges bénéficiaires sont pris en tenaille par des rabais plus élevés, la baisse des prix et la répartition des achats de livres est de plus en plus polarisée entre les records des best-sellers et un océan de titres qui ne possède qu’un lectorat minuscule ».

L’industrie du livre n’est pas « une chose monolithique »

Pour la plupart, les recommandations de Colin Robinson « sont de bon sens », remarque Peter Osnos. Et de mettre alors en avant la réaction de Jeremy Greenfield, directeur éditorial du Monde du livre numérique, qui, dans une réponse au manifeste de Robinson, soutient fortement que l’industrie du livre « n’est pas une chose monolithique : certains éditeurs se portent bien et d’autres pas… ».  « Je ne vois pas une industrie en chute livre. Je vois plutôt celle qui arrive à gérer une transition complexe beaucoup mieux que prévu », ajoute-t-il.

D’ailleurs, « les chiffres disponibles semblent confirmer ce point de vue », annonce Peter Osnos. Car, selon Publishers Weekly, au cours des six premiers mois de 2012, en s’appuyant sur les données de 1186 entreprises, l’Association of American Publishers a rapporté que les ventes commerciales ont augmenté de 13,1 %, à 2,33 milliards de dollars. L’indicateur le plus important est le coup de pouce continu qu’offrent les ventes d’ebooks, en hausse de 34,4 %, à 621,3 millions de dollars. Ce qui le rend d’autant plus compétitif avec les résultats de ventes des livres à couverture rigide.

Un marché qui évolue et avec lequel l’industrie du livre sait et peut s’adapter

Certes, le marché change et évolue. Et il faut arriver à faire avec des mastodontes tels qu’Amazon, Apple, Google et Microsoft, tous en lice pour dominer la vente de matériel, de logiciels et aujourd’hui, de contenu. Lors d’une interview récente à la BBC, le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, « dans un moment inhabituel de révélation », souligne Peter Osnos, a dévoilé que la société ne réalisait aucun bénéfice sur ses différents appareils Kindle. « Ce que nous trouvons », a expliqué Jeff Bezos, « c’est que lorsque les gens achètent un Kindle, ils lisent quatre fois plus qu’ils le faisaient avant d’acheter le Kindle. Mais ils ne s’arrêtent pas à acheter des livres papier ». La stratégie de Jeff Bezos est clairement destinée à obtenir des marges de profit grâce à la négociation difficile menée avec les éditeurs, dont la dépendance envers Amazon en tant que détaillant principal est devenue de plus en plus significative chaque année.

Voilà que désormais, loin de se laisser couler, les éditeurs et les libraires, aussi difficile que cela puisse être, doivent faire face à l’immense puissance des géants de la technologie, et s’adapter à leur influence. « Nous sommes dans un tourbillon de changements », déclare Peter Osnos. Aujourd’hui, un écrivain qui a l’ambition d’atteindre une audience maximale, a au moins besoin d’une certaine compréhension de Twitter, Facebook, YouTube, Pinterest, des blogs, de Tumblr, LinkedIn, et de GoodReads Google+. Mais, même au milieu de tant de changements, « le principal défi de l’édition reste le même : trouver et soutenir les bons livres et travailler en étroite collaboration avec les auteurs pour identifier et atteindre leurs lecteurs, en étudiant toutes les manières possibles », explique à bon escient Peter Osnos. Voilà qui est encore la meilleure voie vers le succès.

Sources :
The Atlantic
The Guardian
Forbes
Publishers Weekly

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