Fayza, Seba et Nelly, trois femmes d'aujourd'hui, de milieux différents, s'unissent pour combattre le machisme agressif et impuni qui sévit au Caire dans les rues, dans les bus et dans leurs maisons. Déterminées, elles vont dorénavant humilier ceux qui les humiliaient.
"Les femmes du bus 678" de Mohammed Diab
Avec : Sebai Nahed El, Bushra Rozza Sortie le 06 novem 2012 Distribué par Arcades Durée : 100 minutes Nombre de : 1 Film classé : Tous publics
Le film :
Les bonus :
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Le harcèlement sexuel. Un documentaire récent dans « Envoyé spécial » sur France 2 nous en révélait tous les contours au cœur d’un système économique et social gangrené par des pratiques inadmissibles.
Cela se passe en France, mais le mal est universel.
Qu’il soit alors dénoncé à travers une fiction dans un pays tel que l’Egypte, où le mâle dominant est omnipotent, renforce le propos des ligues de défense. Car ici il est avant tout question de revendiquer le droit d’être femme. Le harcèlement quotidien, sexuel ou moral, n’est qu’un volet du problème de la condition féminine, que Fayza, à bout d’arguments, a décidé de régler en appliquant la loi du Talion.
Dans le bus, dans la rue, elle rend coup pour coup, encouragée par le discours d’une jeune femme libérée, Nelly et d’une troisième « comparse » en butte à son clan familial. Suite à une agression, il lui demande de retirer sa plainte.
Trois femmes, trois destins, trois pans de la société égyptienne que le jeune réalisateur Mohamed Diab , réunit au cœur d’un récit palpitant. Avec un humour en demi-teinte, d’une grande finesse, il tient parfois de la farce, mais aussi de l’enquête policière ;devant le nombre ,sans cesse croissant, de ces victimes inhabituelles, toutes attaquées au bas ventre, un commissaire faussement débonnaire (l’excellent Maged El Kedwany) s’engage sur la trace de ces vengeresses masquées.
Un peu de légèreté dans un monde de brutes ; dans cet entrelacs de situations qui se chevauchent ou se croisent, au cœur des interdits et des tabous de cette société orientale, où l’honneur des hommes et la réputation de leur famille conditionnent l’état de survie de la gente féminine.
Celle-ci aspire désormais au même respect nous dit Diab, dont le film a été tourné bien avant les événements de la place Tahrir en janvier 2011. Comme un coup de semonce porté par un trio de jeunes et formidables comédiennes en phase avec leur Histoire. Dans ce film revendicatif Nahed El Sebaï, Bushra Rozza, et Nelly Karim évitent tous les écueils du militantisme. Elles sont avant tout des femmes, tout simplement.
- Entretien avec Mohamed Diab ( 20 mn )
« Le premier défi était de faire un film sur des femmes qui n’avait pas l’air d’être réalisé par un homme. Je l’ai fait pour éveiller les consciences, mais je suis aussi satisfait de son aspect esthétique ».Le réalisateur évoque les difficultés qu’il a rencontrées pour réunir un casting autour d’un sujet aussi tabou, » les actrices ne voulaient pas être associées au thème de harcèlement sexuel C’est vous dire combien le sujet est encore tabou chez nous « . Quand il évoque les aléas d’un tournage où la réalité à malheureusement rejoint la fiction, il cite plusieurs exemples, édifiants.Il revient enfin sur l’accueil de son film à l’étranger et l’impact sur la société égyptienne.
En bref
Le film
C’est un plaidoyer brut de brut que filme le cinéaste et paradoxalement, en livrant parfois son scénario à la farce, il en tire un récit d’une très grande et belle finesse. Je crois que c’est un film qu’il faut revoir pour mieux en débusquer les vérités premières. Il devrait bien vieillir.
Les bonus
Uniquement l'interview du réalisateur, mais ce qu'il raconte est un bon prolongement à son film dont il nous fait découvrir toutes les facettes de la fiction à la réalité.