Depuis un bon bout de temps déjà, j’ai l’étrange sensation de partager mes jours et mes nuits avec une présence, disons, un hôte drôlement singulier. Si je vous en parle, c’est qu’il se pourrait fort bien que vous viviez la même expérience, vous aussi.
Moi, je suis un être humain. On me dit faite de matière solide comme la terre. L’hôte est un être divin. On le dit fait de lumière fluide comme l’air.
Moi, je suis du genre à me mettre le doigt dans la plaie, pour confirmer que j’ai affaire à du concret. L’hôte est du genre à accorder sa confiance au premier jet, avec une désarmante bienveillance.
Moi, j’ai peur de ce que les autres vont penser. J’hésite à me laisser aller. Je crains le ridicule, le blâme, la critique. Quant à l’hôte, il ignore tout des distorsions de l’opinion publique. Il m’encourage à exprimer ma vérité. Et n’entend rien que l’authentique.
Moi, si je travaille trop, ne bouge pas assez, ne bois pas d’eau, mange salé… Devinez! Eh oui, l’hôte m’invite à prendre une pause, m’emmène prendre l’air, me donne à boire, me présente des crudités.
Moi, il m’arrive de vouloir accumuler courrier, enveloppes et autres formes de chaos. Subito, l’hôte me ramène à l’ordre, m’applaudit de mettre à jour mes papiers et félicite ma ténacité.
Moi, je me juge en me demandant si mon entourage est satisfait de ma façon de lui offrir mon attention. Tendrement, l’hôte me rappelle que chacun est libre de ses perceptions. Il me calme en m’éclairant du flambeau de son discernement.
Moi, j’ai tendance à me gonfler comme le feu des volcans et à me dégonfler comme l’eau des torrents. Phare fidèle dans ma tempête émotionnelle, l’hôte me ramène tout doucement au centre de mon être conscient.
Au cœur de cette rencontre entre la terre, le feu, l’eau et l’air, moi et l’hôte fusionnons un instant. Moment magique où le fini se fond dans l’infini. Où la frontière qui sépare matière et lumière s’effondre. Alors, je me sens à ma place, comblée, bénie.
D’un bond, ma joie rayonnante élargit l’horizon de ma conscience.