- qu’il est désormais possible de dîner virtuellement avec une jeune fille sans avoir à lui donner rendez-vous ou même payer l'addition. Une idée japonaise, pas tout à fait high tech, mais japonaise quand même. Grâce à un DVD, vous pouvez vous offrir un tête à tête avec une heureuse élue consentante. Lorsque le DVD est inséré dans le lecteur, on aperçoit une jeune femme qui s'installe à table et engage une conversation. Certes, elle ne répond pas à toutes les questions ou ne rit pas à toutes les blagues faites par son hôte, mais au moins elle apporte une certaine compagnie. C’est ainsi que c’est vendu ! S’ils avaient dit, vous allez faire face à un écran, abandonnés que vous êtes, et vous allez parler à votre télévision de façon pathétique, pauvres mecs, pauvres filles, parce que vous êtes si moches et si inintéressants que vous êtes incapables d’avoir des relations réelles, et vous serez obligés de finir la soirée avec votre poupée gonflable, si seulement vous avez les moyens de vous en avoir offert une, aussi minables que vous soyez, s’ils avaient émis ces quelques vérités, il semble que le travail de marketing eut été moins efficace. A notre époque de haute consommation, satisfaire les exigences toujours plus grandes du plaisir devient de plus en plus complexe.
- qu’un squelette vieux de deux siècles a été retrouvé sous un arbre déraciné par l'ouragan Sandy. Génial ! Une vieille affaire ! J’adore ! Faisons venir les experts de toutes les villes américaines et investiguons. Quel suspense ! Retrouver le coupable deux cents ans plus tard risque d’être compliqué, le mettre derrière les barreaux encore plus, prévenir la veuve ou le veuf un peu délicat, mais ça va être passionnant, une enquête à rebours, un voyage à travers le temps. Hum, j’ai hâte. Le crane était à l'envers, la bouche ouverte, toujours rattaché à la colonne vertébrale et à la cage thoracique. Trop bien. Elucidons le meurtre, il s’agit nécessairement d’un assassinat effroyable, d’une histoire entre l’étrange et le bizarre. Pour les enquêteurs, ce corps a été enterré des siècles plus tôt dans ce qui était un parc de 16 hectares. On avance ! Sentez-vous la fébrilité de l’excitation de la recherche ? Le corps pourrait être celui d'une victime de la variole ou de la fièvre jaune, enterrée entre 1799 et 1821, car à l'époque le parc servait de cimetière. Oh, le soufflé retombe ! Variole ou fièvre jaune, c’est vraiment moins sexy qu’un crime sordide ! Quelle déception ! A notre époque de haute consommation, satisfaire les exigences toujours plus grandes du plaisir devient de plus en plus complexe.
- que, si vous aimez regarder des films d'horreur, vous avez un avantage indéniable sur ceux qui visionnent des films à l’eau de rose. Vous perdez autant de calories en regardant votre effrayant programme que si vous nettoyez vos vitres pendant une heure. C’est moins efficace pour pouvoir reluquer chez le voisin ensuite ou ne pas subir les remarques de la belle-mère lors de sa prochaine visite, mais l’avantage est tangible. Des chercheurs de l'Université londonienne de Westminster ont surveillé des cinéphiles tandis qu'ils regardaient dix classiques du genre. En moyenne, les cobayes ont perdu 133 calories pendant leur séance ciné, l'équivalent d'une demi-barre de chocolat au lait. Autant dire, et la précision est d’importance, qu’il ne faut ni manger du popcorn ni ses ongles pendant les quatre-dix minutes d’angoisse et qu’il faut s’enquiller quelques films si on vise la tablette, abdominale, celle à savourer étant proscrite également ! Aucune compensation alimentaire n’est possible, pas plus que le grignotage plaisir pendant le visionnage, et encore moins celui rassurant d’après. Même, de façon pragmatique, j’aurais plutôt tendance à conseiller de s’enfuir en courant en cas de grandes frayeurs, ou de programmer un jogging revigorant ensuite, pour retrouver ses esprits, ou mieux encore, un footing nocturne dans quelques chemins mal éclairés pour une intensification par peur interposée des calories perdues. Une fois votre poids de forme atteint, il sera toujours temps de regarder des comédies en bouffant des boules au cœur de biscuit enrobé de chocolat par poignées, sans oublier le soda, puis de recommencer le cycle d’amaigrissement. A notre époque de haute consommation, satisfaire les exigences toujours plus grandes du plaisir devient de plus en plus complexe.