Plus nos ordinateurs sont puissants, capables d’archiver des volumes de données de plus en plus importants, moins nos cerveaux font l’effort de mémoriser nos souvenirs semble-t-il. Le jour viendra où même le mot souvenir n’évoquera plus rien pour nous.
Pourquoi s’encombrer l’esprit avec des images, des choses lues, des adresses ou des numéros de téléphone alors que nos ordinateurs et déclinaisons en iPhone, tablettes et autres merveilles technologiques peuvent s’en charger bien mieux que nous encore ?
Aux innocents les mains pleines dit l’adage. Une cervelle de moineau avec un ordinateur aussi léger que puissant dans la poche, voici l’Homme heureux de demain. La recette du bonheur est à portée de main, allégé du poids du passé l’Homme moderne des nouvelles générations pourra se consacrer uniquement à l’instant présent et au futur proche. Dès que l’instant T sera dépassé, il sera archivé sur un disque dur pour libérer la cervelle molle.
Ceci expliquant cela, la vérité éclate, logique et imparable. Depuis quelques années on n’entend plus parler que de cancers et de maladie d’Alzheimer. On a même qualifié de « maladie du siècle » cette dernière. Or, qui touche-t-elle prioritairement, les gens âgés. Et pourquoi ? Parce que ce sont des mutants ou des visionnaires si vous préférez.
Anticipant l’Homme du futur évoqué en début de ce billet, ces malades sont le trait d’union entre les humains archaïques qui en sont encore à mémoriser leurs souvenirs et ceux d’un demain bien proche qui n’en prendront même plus la peine.
Ces malades ont fait leur, ce vers de Dante tiré de L’Enfer « Il n’existe point de plus grande peine que de se remémorer, dans l’adversité, l’époque où l’on était heureux. » Ils laissent au vestiaire ce vêtement devenu trop lourd pour leurs frêles épaules, et la note du pressing à leurs descendants.