Alejandro Zambra, lors de sa dernière venue à Vincennes, pour présenter son roman « Personnages secondaires » (photo Anthony Quindroit)
Auteur du succès Bonsái, adapté au cinéma (et chroniqué ici), l’auteur chilien Alejandro Zambra revient en France avec un troisième livre traduit dans la langue de Molière. Dans Personnages secondaires, Zambra traverse l’histoire du Chili, du tremblement de terre de 1985 à celui de février 2010.
Le narrateur a 9 ans au milieu des années 1980 quand la terre se met à trembler. Cet événement va plonger le gamin dans une histoire inattendu. Poussée par une fillette à peine plus âgée que lui, voilà qu’il se met à espionner son voisin taciturne et discret. Sans conscience politique, sans arrière pensée, sans notion de bien ni de mal. Sans savoir qui est Pinochet et ce qu’encourent les prisonniers politiques. Comme si son âge le mettait à l’abri de tout. Comme si lui-même n’était qu’un personnage secondaire de cette grande histoire qu’il ne comprend pas. L’enfant grandit et devient un adulte en marge de sa propre vie. Un écrivain sans inspiration, dont les souvenirs se mêlent à la fiction.
Ecrit à la première personne, ce roman – le troisième de Zambra – se lit d’une traite. Naïf, candide, l’auteur, comme dans son dernier succès, alterne l’intime et l’anecdotique, pose une mélancolie propre aux œuvres chiliennes.
- « Je me sens toujours comme un amateur. Je ne me sens pas comme un faiseur, évoque Alejandro Zambra, lors de sa venue à Vincennes pour le festival America. Quand j’écris, je cherche vraiment l’atmosphère, le rythme. Et il y a un moment où l’on ne pense plus. Où je me sens comme un script : une phrase vient, puis une autre… »
La part de fiction dans son roman ?
- « Si l’on met un peu de fiction dans une histoire, elle devient alors complètement fictionnelle. En ce sens, mon livre est une fiction », sourit l’auteur, avec une douceur mélancolique dans la voix.
Féru de poésie – « Beaucoup de mes amis au Chili sont des poètes. Moi-même, j’en écris toujours » -, Zambra brasse ses différents centres d’intérêt. Et brosse, en arrière plan, le portrait d’une démocratie jeune, encore largement perfectible.