Notre mémoire de travail visuelle contient les informations de ce que nous venons de voir. Mais la représentation qu'elle conserve de l'objet est unique grâce à un modèle spécifique de synchronisation des ondes cérébrales entre certains neurones du circuit de la mémoire. Ainsi, un objet moins impliquant, dont on gardera un souvenir vague, donnera lieu à des ondes cérébrales très désynchronisées entre les 2 pôles du circuit. De même, sur le visuel ci-contre, la faible zone de rouge pour le graphique du haut montre une moindre implication (du singe pour les framboises). En bref, le souvenir d'un objet semble être représenté par son ensemble unique de neurones oscillant en synchronisation.
Les chercheurs de l'Université du Montana et de la Florida Atlantic University ont enregistré des signaux électriques à partir de groupes de neurones dans les deux « hubs » cérébraux (visuel de gauche) chez 2 singes, pendant l'exécution d'une tâche de mémoire visuelle. Pour gagner une récompense, les singes devaient se souvenir d'un objet vu momentanément sur un écran d'ordinateur et le faire correspondre correctement avec un nouvel écran. Les chercheurs ont matérialisé le degré d'activité synchrone et leur cohérence entre les différents groupes de neurones, en fonction des différents objets.
2 hubs dans le cortex préfrontal et le cortex pariétal postérieur : Les ondes cérébrales de nombreux neurones dans les deux hubs, celui du cortex préfrontal et celui cortex pariétal postérieur se sont avérées synchronisées à des degrés divers, en fonction de l'identité d'un objet (voir visuel de droite). Les résultats suggèrent que les neurones dans ces 2 centres sont sélectifs en fonction des objets présentés dans le champ visuel et que la synchronisation dans le circuit porte des informations spécifiques à la mémoire de travail visuelle.
Le cortex pariétal est plus influent que le cortex préfrontal dans la conduite de ce processus, suggère cette étude, alors que de nombreux chercheurs pensaient que le cortex préfrontal, l'exécutif du cerveau, était la région clé de la mémoire de travail. En conclusion, à chaque stimulus visuel est associé des oscillations synchronisées entre des populations de neurones spécifiques. Il serait donc théoriquement possible de deviner les réponses aux tâches visuelles, uniquement en déchiffrant les ondes cérébrales...
Source : Science Express Science DOI: 10.1126/science.1224000 Content-Specific Fronto-Parietal Synchronization During Visual Working Memory (Visuel @Charles Gray, Ph.D., Montana State University Visuel 1 “L'importance de la zone rouge traduit le degré de synchronisation des ondes cérébrales dans les deux régions et d'implication des deux groupes de neurones dans le souvenir de l'objet ».Visuel 2 « 2 pôles éloignés, un à l'avant du cerveau (cercle de droite) et l'autre à l'arrière (cercle de gauche), montrent des niveaux variables de synchronisation dans leurs ondes cérébrales, fonction du souvenir de l'objet conservé en mémoire »).