dernier à Digne-les-Bains (Alpes-de-Haute-Provence) rappelle à tous combien le métier de sapeur-pompier peut être dangereux. Bien-sur, les habitants de Paris et de la petite couronne (Seine-Saint-Denis, Hauts-de-Seine et Val-de-Marne), habitués aux interventions de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris, corps militaire de 7 000 fonctionnaires, méconnaissent probablement la défense incendie des autres départements qui repose sur 40 500 sapeurs-pompiers professionnels épaulés par 195 200 sapeurs-pompiers volontaires.
Jean-Emmanuel Nicolau-Bergeret
Le dramatique fait-divers survenu
Car malgré le jeune âge de l'une des victimes, les sapeurs-pompiers volontaires suivent une formation rigoureuse avant de pouvoir prétendre partir en intervention. D'autant qu'avec les progrès industriels, les risques sont aujourd'hui bien plus nombreux et diversifiés qu'auparavant. Ancien sapeur-pompier volontaire moi-même il y a une vingtaine d'années, la formation y était déjà poussée : maniement des nombreux matériels, grimper sur des échelles, utilisation d'appareil respiratoire dans des labyrinthes enfumés, sans même évoquer le suivi médical. Car ces volontaires, souvent premiers sur place, doivent être aussi performants que leurs collègues professionnels qui les encadrent.
On le constate donc, en France, les services départementaux d'incendie et de secours (SDIS) dépendent de cette masse silencieuse et mal reconnue par le législateur que sont ces volontaires. Ils représentent 79% des pompiers. Qu'il s'agisse de secours à victimes, qui représentent près de 80% de leurs départs, d'inondations ou d'incendies, ces volontaires sont en première ligne y compris et surtout dans les plus petits villages. Ils sont le premier maillon des secours de proximité.
Toujours prêts à " décaler " [1] au son de la sirène ou du bip, ils ne comptent pas leurs heures, non seulement pour assurer les gardes mais aussi et surtout pour se former. Et se former encore. Souvent au détriment de leur vie familiale.
Deux enquêtes ont été ouvertes, l'une judiciaire, l'autre administrative. Car ces morts ne devront pas restées inexpliquées. Sans forcément rechercher des responsabilités (Chaîne de commandement, protocole d'intervention, matériel,...) mais ne serait-ce que pour comprendre la chronologie des faits et éviter qu'un tel drame ne se reproduise, Espérons que ce tragique destin invite nos jeunes à la réflexion et au sens qu'ils entendent donner à leur vie.
16 ans n'est-ce pas trop jeune ?
La question mérite d'être posée. A l'âge où d'autres préfèrent jouer aux jeux vidéos, Yann avait choisi l'engagement. Depuis trois années déjà il suivait la formation de jeune sapeur-pompier. Trois années à se former, à se préparer à ses futures responsabilités. Pour le moins cela témoigne de sa réelle passion et du sens de son engagement. D'emblée, le jeune âge peut surprendre. Mais 16 ans est l'âge légal pour incorporer cette profession, de même que c'est l'âge requis pour s'engager dans les équipes secouristes de la Croix-Rouge ou de la Protection Civile. Il n'y a donc aucune polémique sur ce point. Devrait-on modifier pour autant la législation et interdire les interventions aux jeunes mineurs. Personnellement je le pense pas. J'avais moi-même intégré les équipes secouristes de la Croix-Rouge dès 15 ans. J'y ai servi pendant plus de dix années avec beaucoup d'assiduité et de passion. Car c'est bien à l'adolescence que l'on trouve sa voie et que l'on opère ses choix. Mieux encadrer de telles interventions ? Le mieux est toujours possible, mais Yann n'était-il pas encadré par un sergent de 35 ans aguerri et expérimenté ? Egalement décédé lors de cette intervention.
si tant est qu'il eu pu être évité. Car les pompiers le savent bien, le risque zéro n'existera jamais.
16 ans, forcément (!), c'est trop jeune pour mourir. Mais n'est-ce pas un bel âge pour s'engager et vivre sa passion ? Ce drame aura mis en avant cette jeunesse silencieuse qui ne cède pas à la facilité, qui veut être utile à l'Autre, sans rien attendre en retour. N'empêchons pas cette belle jeunesse de s'engager dès 16 ans si tel est son désir. Que ce drame n'entrave pas le recrutement de jeunes motivés, sérieux et responsables à une période où le recrutement est de plus en plus difficile.
Que nos pensées accompagnent les familles de Yann et Michaël, leurs collègues et au-delà, toute une profession.