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Prix fémina 2012
L’auteur :
Grand voyageur, esprit cosmopolite, Patrick Deville, né en 1957, dirige la Maison des Écrivains Étrangers et Traducteurs (MEET) de Saint-Nazaire. Son œuvre a été traduite en dix langues. Rappelons ses derniers livres publiés au Seuil: sa trilogie Pura Vida (2004), Equatoria (2006), Kampuchéa (2011)
L’histoire :
Parmi les jeunes chercheurs qui ont constitué la première équipe de l’Institut Pasteur créé en 1887, Alexandre Yersin aura mené la vie la plus mouvementée. Très vite il part en Asie, se fait marin, puis explorateur. Découvreur à Hong Kong, en 1894, du bacille de la peste, il s’installe en Indochine, à Nha Trang, loin du brouhaha des guerres, et multiplie les observations scientifiques, développe la culture de l’hévéa et de l’arbre à quinquina. Il meurt en 1943 pendant l’occupation japonaise. Pour raconter cette formidable aventure scientifique et humaine, Patrick Deville a suivi les traces de Yersin autour du monde, et s’est nourri des correspondances et documents déposés aux archives des Instituts Pasteur. (Présentation de l’éditeur)
Mon avis :
Alexandre Yersin est un personnage en perpétuel mouvement, toujours prêt à tenter de nouvelles aventures. S’il est un scientifique, il a au fond de lui une âme d’aventurier, il rêve de découvrir des territoires, des peuples, tel Livingstone, et c’est un peu par hasard qu’il découvre le bacille de la peste. Homme curieux, éveillé, il parcourt le monde en découvrant avec des frissons son foisonnement infini.
« Ne pas avoir découvert le bacille de la peste le condamnerait à mourir explorateur inconnu parmi les milliers d’explorateurs inconnus. Il suffit d’une piqûre au bout du doigt comme dans les contes de fées. Mais c’est toujours ainsi la vie romanesque et ridicule des hommes. Qu’on soigne la peste ou meure de la gangrène. » (p. 92)
Je n’ai pas été sensible au style, ni réussi à m’attacher au destin de ce personnage. Peste et choléra est à mi-chemin entre le roman et la biographie et ravira sans doute davantage les amateurs de biographie.
Premières phrases :
« La vieille main tavelée au pouce fendu écarte un voilage de pongé. Après la nuit d’insomnie, le vermeil de l’aube, la glorieuse cymbale. La chambre d’hôtel blanc neige et or pâle. Au loin la lumière à croisillons de la grande tour en fer derrière un peu de brume. En bas les arbres très verts du square Boucicaut. La ville est calme dans le printemps guerrier. Envahie par les réfugiés. Tous ceux-là qui pensaient que leur vie était de ne pas bouger. La vieille main lâche la crémone et saisit la poignée de la valise. Six étages plus bas, Yersin franchit le tambour de bois verni et de cuivre jaune. Un voiturier en habit referme sur lui la portière du taxi. Yersin ne fuit pas. Il n’a jamais fui. Ce vol, il l’a réservé des mois plus tôt dans une agence de Saigon. »
D’autres avis :
Presse : Télérama Le Figaro Le point
Blogs : Mimi Chroniques de la rentrée littéraire Val
Peste et choléra, Patrick Deville, Seuil, août 2012, 228 p., 18 euros