Confiance dans l’économie numérique… Le terme qui me hérisse le poil. Ceux qui l’utilisent ne mettent pas les mains dans le cambouis, ne sont pas confrontés tous les jours aux arnaqueurs informatiques ou web.
Alors vas-y qu’on critique le pirate par ici, le hacker pas là, l’anonymous partout. Mais les vrais truands qui bousillent l’internet, eux, courent toujours impunément, et souvent dans les ministères. Listons un peu ces truands à la petite semaine, ça leur fera du bien.
Microsoft Windows et ses outils d’avant-vente
Imaginez-vous acheter une casserole qui ne vous permette pas de chauffer de l’eau ? Pour chauffer de l’eau il vous faudra passer à la version supérieure en déboursant 2 fois le prix de votre casserole.
C’est en substance ce que vous propose Microsoft Windows avec son Windows 7 édition Starter. On m’a offert il y a peu un toupitipc avec cette édition Starter. Et là, j’ai découvert avec incrédulité que je ne pouvais pas changer mon fond d’écran sans débourser 80 € pour passer à la version supérieure.C’est à dire que la configuration de base de n’importe quel système d’exploitation n’est par défaut pas disponible sur ce Windows 7 Starter. Mais alors pourquoi s’appeler Système d’Exploitation ? Quand vous rajoutez en plus des fonctions bridées et des liens partout pour vendre des produits Microsoft on peut appeler ce Windows Starter un outil d’avant-vente et certainement pas un OS.
Aie confiance, toi qui n’a pas beaucoup d’argent…
Mc Afee et sa vente forcée
Petit jeu : trouvez ce qui ne va pas dans cette fenêtre que McAfee vous ouvre sous le nez une fois votre abonnement “offert” terminé (en réalité le logiciel a été installé sans votre consentement sur votre nouvelle machine toute neuve mais ils appellent ça un “abonnement offert”).
Vous avez trouvé ? Effectivement, vous ne pouvez pas fermer cette fenêtre ! Pas de fermeture de la fenêtre, de bouton Annuler, “précédent”, ou désactiver l’application. Votre seule possibilité pour supprimer ce pop-up malodorant : vous inscrire sinon il s’ouvrira sur votre écran à chaque démarrage de votre PC.
Alors, certes l’usager mature saura faire un ctrl+alt+sup pour virer McAfee de ses process en cours et utilisera ensuite un des nombreux desinstallateurs de saletés (un PC decrapifier) pour virer ce virus. Seulement l’usager mature n’installera jamais McAfee. C’est une fois de plus celui qui ne s’y connait pas en informatique qui se fait avoir par McAfee ou par Microsoft.
Aie confiance toi qui n’y connait rien en bureautique informatique…
Norton et son spyware magique
Norton, pour les simples d’esprit qui vivent dans un monde magique
Bon vous savez ce que je pense de la mafia des d’anti-virus. C’est un peu comme Bachelot qui a acheté du média pour vendre sa pandémie mondiale de grippe A pour faire passer les 94 millions de doses de vaccins qu’elle a acheté on ne sait comment (mais avec votre argent soyez-en certains). C’est pareil avec les anti-virus. On fait peur aux gens, on leur parle des méchant pirates, des hackers fourbes et cruels, et hop, ils achètent du McAfee ou du Norton.
Seulement avez-vous déjà désinstallé un Norton d’un PC ? Travaillant “dans l’informatique” depuis les années 90, j’ai la joie d’aller déplomber les PC de toute ma famille depuis plus de 20 ans. Et forcément, il y a toujours un moment où je tombe sur Norton qui bouffe la moitié de la RAM du vieux PC de ma tante et qui lui balance des fenêtre (cf. Mc Afee plus haut) quand elle a rien demandé.
Et là, vous tombez sur le monde extra-ordinaire des gros pourris de l’Internet. Oui le monde de ceux qui mettent des mouchards sur vos machines pour vérifier tout ce que vous faites. C’est ce que font les (vrais) enculés de pirates avec leur keyloggers, mais c’est également ce que va faire Norton avec sa toolbar ou encore son cookie qui communique avec internet et qui change de répertoire quand vous le supprimez (un spyware-virus quoi). Bon courage pour la suppression (installation d’un outil dédié, d’un nettoyeur de base de registre, et d’un bon antispyware conseillé).
Aie confiance, toi qui a peur du pirate de l’internet…
Canon et sa fuite permanente d’encre
Bon, vous connaissez tous le problème. Vous achetez une imprimante, vous mettez une cartouche neuve, et 15 jours après votre imprimante vous dit que votre cartouche est vide. Au bout de 2 mois, vous avez déjà remboursé le prix de l’imprimante.
Dans mon cas, c’était la Canon Pixma MP280, une toute pitite imprimante pas chère dont je ne me suis pas véritablement occupé. Au bout de deux mois, quand la colonne fongible du bilan de ma société a explosé, j’ai décidé de regarder de plus près. j’ai acheté une cartouche, et j’ai regardé combien de temps il lui fallait. 15 jours… Fâché – et surtout incrédule- j’ai cherché sur les forums le bouton qui permettait de passer outre cette alerte bloquant le processus d’impression. La notice papier était en effet à ce sujet d’une discrétion incroyable. J’ai finalement trouvé la procédure. Et cela fait 2 mois que nous n’avons pas changé la cartouche…
Peut-on accuser Canon (ou les autres) d’être un peu trop pressé dans l’annonce de la fin de votre cartouche ? Mmh, oui.
Aie confiance, toi qui veut imprimer des trucs…
Orange, Free et la revente de vos informations privées
Ma mère, que je vois rarement, se digitalise peu à peu : Internet, téléphone portable, GPS, etc. Mais depuis cela fait un moment qu’elle reçoit des appels bizarres sur son téléphone. Des répondeurs automatiques lui demandant de rappeler, des vendeurs louches de portes et fenêtres, des vendeurs d’assurances oud e mutuelles, etc. Mais ma mère est chez Orange, donc je pouffe en lui disant de changer de fournisseur d’accès… Seulement, depuis quelques temps je ne pouffe plus, car j’en reçois aussi.
Mais pourquoi, comment ? Quand je pose la question aux appelant (poli. Toujours très bref, mais très poli, car certains n’ont eu le choix qu’entre le call center ou le trottoir, pas la peine d’en rajouter), on me répond que mon numéro est dans la base. La base. Sachant que personne ne connait ce numéro (même ma mère) sauf Free, mon fournisseur d’accès. C’est donc Free qui a donné mon numéro à des vendeurs de rêve par téléphone qui vous appellent le soir à 19h30 quand vous faites faire les devoirs à vos gamins tout en tentant de faire un gratin de choux fleur avec beaucoup de patates et de fromage parce que sinon c’est dégueulasse mais il faut quand même manger des légumes.
Donc votre opérateur, qui veut se faire du pognon sur votre dos (en plus de l’abonnement que vous lui réglez chaque mois), va vendre vos coordonnées téléphoniques à des sociétés spécialisées (l’embasement est un métier ma bonne dame) qui vont les revendre à des boites sans scrupules.
Au final, vos coordonnées (plus ou moins bien qualifiées – taille du foyer, constitution du foyer, CSP, âge moyen, etc.) se baladent dans la nature. Car au bout de 3 ou 4 reventes de base de données on ne sait plus où elles sont, qui les possède ou qui s’en sert. Et les vieux sont du nectar à arnaque pour les répondeurs automatiques qui vous renvoient vers des messageries surtaxées “Vous avez un message urgent, veuillez composer le 08 xxxx…” Personne n’est responsable malgré quelques initiatives que peu de gens connaissent.
Enfin, personne n’est responsable sauf évidemment vos fournisseurs d’accès, Free et Orange en l’occurrence. Mais que fait la CNIL ?
Allez, aie confiance, toi qui veut téléphoner…
Steam, tu l’as dans le cloud !
Cela fait un petit moment que Steam se cloudifie (et vous savez ce que je pense de ce genre de cloud) pour le meilleur ou le pire.
Si vous êtes gamer, je vous conseille de lire cet article de Numerama: Steam ne rembourse rien en cas de désaccord, où l’on apprend que vous ne pouvez pas jouer à un jeu solo sans connexion Internet. “Notre Accord de Souscription Steam (ASS) décrit les conditions dans lesquelles nous acceptons de faire affaires avec nos clients“. Un peu normal qu’avec l’ASS on l’ai dans le cul, mais tout de même (pas pu m’empêcher de la faire celle-là, excusez-moi) !
Ainsi donc, la dématérialisation cloudesque (envie de dire clownesque) est possible légalement en France. Il est possible et légal d’acheter un produit sans boite physique, sans preuve physique et sans pouvoir être remboursé si ça ne marche pas. Pas de possibilité de revente du jeu non plus. Vive la dématérialisation du futur (bon, je suis un peu injuste, la Cour Européenne bosse sur le sujet, mais Valve est en plein lobbying).
Viens, aie confiance, et craque 60 € pour jouer à un jeu…
1&1 et ses mails ambigus
Un petit dernier pour la route. Avant-hier, j’ai reçu ce mail d’un de mes hébergeurs, 1&1, me demandant d’aller ressaisir mon numéro de carte bancaire parce que l’ancienne carte était bientôt périmée. Sans demande de renouvellement d’hébergement, sans devis, ni facture. On aurait dit un vrai mail de fishing sauf que non, c’était un vrai mail.
Bref, file moi ton numéro de CB, je l’écris dans ma base de données et je m’occupe de tout jusqu’à la date d’expiration de ta carte. Et si tu ne veux pas le donner, je t’enverrai un mail par jour.
Alors forcément, 1&1 essaie de rassurer le client : “Nous vous rappelons que ce mode de paiement est entièrement sécurisé et qu’aucun tiers n’a accès à l’intégralité de vos données bancaires.” Une phrase qui ne veut rien dire dans ce contexte,voire même complètement trompeuse:
- Je ne leur paie rien là, je leur donne mon numéro de carte. Ca ne me dérangerait pas de payer 1 fois. Ca me dérange de donner mon numéro pour payer la prochaine fois.
- Il ne s’agit pas d’un mode de paiement sécurisé, mais d’un stockage de numéro. Ce qui, en terme de sécurité n’a absolument rien à voir. Trouvez moi une base de données qui résiste à un très bon hacker.
- Un tiers, mais bien sûr qu’il y a un tiers entre la banque et moi, c’est justement 1&1.
Aie confiance, toi qui te sens obligé de donner ton numéro de carte bleu en ligne…
La confiance se construit progressivement, la recherche du profit, non
Pendant que le Syntec Numérique se fatigue en onanisme publique sur la croissance à deux chiffres des éditeurs de logiciels français, d’autres en paient le prix. Ces autres ce sont les utilisateurs, les gens, vous, moi. Les victimes marketing de logiciels qui les arnaquent par de la vente forcée, du cross selling involontaire ou de la relance permanente. Car le résultat évident est une perte de confiance à plus ou moins long terme pour tout ce qui vient de son ordinateur ou d’internet.
Hors, ces entreprises informatiques, ces logiciels, ces services web constituent le terreau sur lequel vont s’épanouir les vocations futures, les modèles économiques innovants et les fondements de l’industrie de l’information. Si le terreau n’est pas sain, il ne suscitera pas autre chose que des désirs pervers de bouffis déjà obèses de dollars mal acquis.
Mais pourquoi le gouvernement est-il si largué par ces problématiques ? Pourquoi un tel gouffre entre les initiatives publiques et la réalité d’Internet ?
Youpi, j’ai un dossier bleu ! Encore un blanc et un rouge et j’aurai le drapeau français.
Peut-être parce que les responsables de “l’économie numérique” ne pensent qu’à l’économie et pas à la définition réelle de “numérique”. Peut-être parce que Fleur Pellerin, dans la continuité de Nathalie Kosciusko-Morizet, imagine qu’Internet n’est qu‘une problématique d’investissements et de rentabilité, et qu’il suffit de mettre de l’argent quelque part pour qu’il en sorte encore plus de l’autre côté. Un niveau de culture Internet des business angels d’avant le crack.
Autant dire que la France numérique est foutue. Car tel un VC (un Venture Capitalist pas une chiotte, quoique…) dans les années 2000, la France va se prendre une belle baffe quand elle va s’apercevoir qu’il aurait mieux fallu nettoyer Internet des entreprises qui le parasitent, plutôt que des particuliers qui téléchargent du Rihanna. Qu’il fallait réduire la fracture numérique plutôt de filer du blé via OSEO à des startups mort-nées construites sur la base de Facebook et de QR Codes.
Cette baffe me ferait beaucoup rire, si elle ne concernait pas mes impôts et l’avenir de mes gosses, de mon job et de mon pays.