Un vaccin déjà capable de "désintoxiquer" des rats. C'est encore cette équipe du Scripps Research Institute (La Jolla) qui, poursuivant ses travaux de développement d'un vaccin contre la méthamphétamine, vient de démontrer l'efficacité de son vaccin expérimental, sur l'animal. Si le vaccin confirmait son efficacité chez l'Homme, ce serait le premier traitement spécifique contre la dépendance à la méthamphétamine, qui affecte, selon les auteurs, plusieurs millions de personnes à travers le monde. La recherche est publiée dans l'édition du de la revue Biological Psychiatry.
Au cours des deux dernières décennies, rappellent les auteurs, la méthamphétamine est devenue l'une des drogues les plus courantes. On dénombrerait 400.000 utilisateurs aux États-Unis seulement. La Meth présente des caractéristiques qui la rendent plus addictive que d'autres substances et il n'existe aujourd'hui aucun traitement approuvé pour lutter contre la dépendance.
Ces dernières années, les scientifiques du Scripps ont développé une approche innovante pour le développement de vaccins contre les drogues addictives. Ces vaccins suscitent des réactions d'anticorps contre des molécules de la substance, de la même manière que les vaccins traditionnels appellent des réponses immunitaires contre les virus ou les bactéries. Ici, les anticorps ont pour objectif de cibler les molécules de la substance et de les empêcher de pénétrer dans le cerveau, supprimant ainsi l'incitation à l'usage.
Des vaccins contre la nicotine, l'héroïne et la cocaïne sont déjà en cours d'essais cliniques. Certains vaccins anti-meth ont déjà été testés sur l'animal, mais avec peu de résultats jusqu'à ce jour. La molécule de méthamphétamine est structurellement simple, ce qui la rend relativement invisible pour le système immunitaire. La Meth et son principal métabolite, l'amphétamine ordinaire, ont également tendance à s'attarder fois qu'ils pénètrent dans le système nerveux, ce qui en fait une cible pour un vaccin particulièrement difficile, explique Kim Janda, professeur de chimie au Scripps.
Ici, l'essai a porté sur des rats, qui vaccinés ont été largement protégés contre les signes typiques d'une intoxication à la meth. « Il s'agit d'une étude à un stade précoce, mais ses résultats sont comparables à ceux des vaccins contre les autres drogues en cours d'essais cliniques », déclare Michael A. Taffe, auteur principal de l'étude et professeur agrégé au Département Addictions du Scripps Research Institute. Il y a 2 ans, l'équipe avait développé 6 candidats vaccins contre la meth, dont l'un nommé MH6, réussissait à bloquer 2 effets typiques de la méthamphétamine, une augmentation de l'activité physique et une perte de la capacité habituelle à réguler la température corporelle. Ici, en « reconfigurant » MH6, les chercheurs sont parvenus, au-delà des 2 effets de régulation, à entraîner une forte réponse en anticorps, qui a bloqué plus de meth dans la circulation sanguine.
Bref, « les résultats requis pour poursuivre le développement», a déclaré le Dr Janda, avec une condition, prolonger son efficacité, car, dans l'étude, 4 doses en 12 semaines ont été nécessaires. «L'extension de la durée de protection est notre prochain défi scientifique».
Source: Biological Psychiatry doi:10.1016/j.biopsych.2012.09.010 online 24 October 2012 A Methamphetamine Vaccine Attenuates Methamphetamine-Induced Disruptions in Thermoregulation and Activity in Rats
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