Trintignant, ou l’intensité des mots dits

Publié le 05 novembre 2012 par Bmgeneve

Encore un objet poétique incertain qui se dérobe aux classifications des virguliers professionnels. C’est même une de ses caractéristiques, à l’objet poétique, de se dérober aux virguliers z-et aux virgulières.

Ici Jean-Louis Trintignant souffle Vian, Prévert et Desnos à l’oreille, avec cette conviction et cette douceur de ton qui fait l’essence même de la confidence intime.

Avec Grégoire Korniluk au violoncelle et Daniel Mille à l’accordéon, tous trois nous révèlent ces textes en musique comme des évidences impérieuses, en donnant l’impression à chaque auditeur de devenir dépositaire privilégié d’un secret à garder précieusement, à ne surtout pas révéler plus loin.

Trintignant est pourvu de cette voix douce et naturelle qui crayonne les images poétiques comme des esquisses furtives au fusain, images qui resteront pourtant gravées dans nos mémoires comme au burin d’acier. Une voix qui ressent avec Dieu sait quelle intensité mais qui, par une forme d’élégance et de pudeur, refuse de partager avec ceux qui l’écoutent, autre chose que le sens premier des mots dits.

Paul Kristof

TRINTIGNANT, Jean-Louis. Vian, Prévert, Desnos (Après la pluie, 2011)   Disponibilité


Classé dans:Chanson française, Coups de coeur