La vie complexe qui prédomine actuellement sur la surface de la Terre serait t’elle exceptionnelle ? Doit-on son émergence à un incroyable et heureux concours de circonstances : planète rocheuse de la bonne taille et masse, volcanisme assez régulier et tectonique des plaques, existence d’un champ magnétique (bouclier contre les tempêtes solaires), présence d’un satellite naturel pas trop encombrant qui équilibre la planète, une étoile centrale assez sage (pas d’éruptions fulgurantes ni de hâte dans son évolution …) d’une longévité totale d’environ 10 milliards d’années, présence d’eau qui plus est, à l’état liquide (zone habitable), pas de supernovae dans les parages et relativement peu d’événements destructeurs au sein du système solaire, etc. Un système solaire qui a l’air à peu prés stable depuis plusieurs centaines de millions d’années, théâtre de l’apparition puis de l’évolution de formes de vie complexes ! Un cas, somme toute, plutôt rare comme la suggère une récente étude réalisée par les astronomes Rebecca Martin (Université du Colorado) et Mario Livio (astronome de la Space Telescope Science Institute, STSCI).
Après étude de modèles et comparaisons avec des systèmes planétaires connus, les deux chercheurs considèrent en effet qu’il y aurait peu de cas dans la galaxie qui réunissent des conditions aussi favorables pour accueillir et développer la vie. Leur taux est estimé à seulement 4 % !
Par ailleurs, ils ont observé que la vie n’aurait jamais pu connaître un tel essor sans la ceinture d’astéroïdes … Peuplée de millions de débris rocheux, potentiellement dangereux — en orbite autour du Soleil, à plus ou moins 400 millions de km de celui-ci, entre Mars et Jupiter — elle serait à la « bonne place » et de la bonne taille … Bordant la « frontière dite de neige » (suffisamment éloigné du Soleil pour préserver l’eau à l’état solide), elle a été progressivement façonnée par la géante Jupiter, deuxième corps le plus massif du système solaire, qui l’agite et la bouscule.
Certes redoutables, les astéroïdes sont paradoxalement soupçonnés par les cosmochimistes d’avoir disperser les ferments de la vie : de grandes quantités d’eau (en grande partie, lors des bombardements massifs des premiers temps) et des molécules organiques. En outre, les collisions catastrophiques à répétition (pas trop non plus) auraient accélérer l’évolution, obligeant les espèces à s’adapter à de nouveaux environnements.
Dans le communiqué de presse, Mario Livio explique que “pour avoir de telles conditions idéales, vous avez besoin d’une planète géante comme Jupiter, juste à l’extérieur de la ceinture d’astéroïdes [et] qui aurait migré un peu, mais pas à travers la ceinture.” “Si [au contraire] une grosse planète comme Jupiter migrait à travers la ceinture, cela disperserait la matière. D’autre part, si une planète géante ne migrait pas du tout, ce ne serait pas bon car la ceinture d’astéroïdes serait trop massive. Il y aurait tellement de bombardements d’astéroïdes que la vie ne pourrait jamais évoluer.”
Pour Mario Livio, cela signifie que “nous devons concentrer nos efforts pour chercher des formes de vie complexe dans des systèmes qui possèdent une planète géante en dehors de la limite de neige”.
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Crédit photo : NASA/ESA/STScI.