Ces héros sont nombreux à oeuvrer, à mourir. De tous âges, ils font de la France un pays où il fait bon vivre pour la plupart d'entre nous, malgré notre propension à râler, sport préféré des français auquel je m'adonne volontiers. Ces hommes et ces femmes nous sont devenus transparents, tant nous sommes habitués à avoir tout, tout de suite. Au point qu'ils se font tuer par les automobilistes qui se fichent qu'ils soient en train de sauver une vie encastrée dans la fusion de deux véhicules.
Il suffit qu'un train s'arrête parce que les secours s'activent à sauver un suicidé, pour entendre se plaindre les voyageurs; pour entendre l'air si bien connu du poujadisme.
On ne respecte plus ces sauveteurs. Qu'ils soient pompiers ou médecins, infirmières ou policiers, ils se font de plus en plus agresser pendant l'exercice de leurs fonctions.
Il y a moins d'un lustre, les pompiers manifestaient en vain pour obtenir le droit de partir à 50 ans à la retraite. Revendication légitime quand on sait ce qu'endure le corps tout au long de cette activité. C'eut été une honorable façon de les honorer que d'accéder à leur demande.
Faut-il qu'un jeune de 16 ans meure au front de cette guerre permanente contre le drame pour qu'enfin on s'interesse à ces humains désintéressés? Combien d'entre-nous leur doivent la vie?
Yann, vous faites honneur à la jeune génération, vous faites honneur aux pompiers, vous faites honneur à l'Humanité.
Si cela était en mon pouvoir, je ferais en sorte que, par votre sacrifice et celui de votre collègue le sergent Michaël Baghioni, sapeur-pompier professionnel de 35 ans, tous ces héros du quotidien obtiennent le prix Nobel de la Paix.
Gras comme la France, ingrat comme un français.
Romain Desbois