Ce week end, la dernière création de Bartabas attaque sa seconde saison au Théâtre Equestre Zingaro du Fort d'Aubervilliers. Inspiré des rituels funéraires mexicains, "Calacas" fête les morts au son des chinchineros pour mieux célébrer la vie à travers une succession de tableaux pour la plupart sublimes, magiques, oniriques, surprenants, enivrants et hypnotisants. A voir absolument.
A chaque spectacle, en plus d'explorer de nouveaux univers, le maître des lieux innove dans la mise en forme de ses propositions. Cette fois-ci, il a choisi de placer le spectateur au coeur d'une double piste afin de l'immerger dans son carnaval funèbre. La première, traditionnelle, se trouve au centre du théâtre, la seconde, en hauteur, fait le tour des gradins. On la devine d'abord, à travers des tentures élégamment sculptées et ajourées, pour de superbes jeux d'ombres et de lumières avec les animaux. Elle apparaît ensuite intégralement. Le résultat est saisissant.
Accueilli par une population de squelettes (marionnettes ou artistes costumés et masqués), le public ne côtoiera de "vivant", en dehors des musiciens, que les chevaux qui accompagnent ces être d'os dans l'au delà, évoluant tantôt dans le royaume des âmes et de l'éternel, tantôt dans celui des mortels. Au rythme de la fanfare, les numéros de voltige se tranforment en extraordinaires chorégraphies aériennes. Les cavaliers décollent de la piste pour rejoindre leurs montures, les quittent pour survoler l'auditoire avant de les retrouver... Nous garderons longtemps en mémoire l'incroyable danse saccadée d'un équidé semblant lui aussi devenu squelette (travail magistral !), et encore les fabuleux galops en liberté, au dessus de nos têtes, pleins de vie, d'énergie... Quelle bouffée d'oxygène !
Comme d'habitude, l'ensemble, magnifiquement éclairé, laisse sans voix tant la réalisation se révèle impeccable et l'esthétique d'une poésie rare. Nous regretterons simplement une ou deux redites au cours du spectacle qui lui font perdre un peu de sa densité, ainsi qu'une fin trop séquencée qui nous empêche d'être emportés totalement par l'émotion.
Mais on chipote... Il faut courir à Aubervilliers !
Calacas - Zingaro aux Nuits de Fourvière 2012 par NuitsdeFourviere
Photos : Agathe Poupeney / PhotoScene.fr