[Critique DVD] Le festin de Babette

Pour échapper à la sordide répression de la Commune en 1871, Babette débarque un soir d'orage sur la côte sauvage du Jutland au Danemark. Elle devient la domestique des deux très puritaines filles du pasteur et s'intègre facilement dans l'austère petite communauté.

"Le Festin de Babette" de Gabriel Axel

Avec : Stephane Audran, Bibi Andersson

Sortie le 05 novemb 2012

Distribué par Carlotta Films

Durée : 99 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

En salles le 19 décembre 2012

Notre fibre patriotique doit bien y trouver son compte. Pensez-donc , dans un coin reculé du Danemark, au milieu du XIX ème siècle , une petite communauté religieuse, plutôt austère, voit tous ses principes chamboulés, par la grâce d’un repas gastronomique , typiquement français.

Le cinéma a déjà usé de ce principe gustatif pour donner à son récit une saveur toute particulière. « L’odeur de la papaye verte » ou plus récemment « Les saveurs du palais » .Je n’irais pas jusqu’à évoquer «La grande bouffe » puisque ici, il est avant tout question de délicatesse et de savoir-vivre.

Ce qui se traduit dans ce petite village du Jutland, battu par le vent et la pluie, par un régime ascétique, que découvre sans bronchée une étrange jeune femme, venue de France. Elle a été recommandée à deux vieilles sœurs, Martine et Filippa, qui ne vivent que dans le souvenir et le respect de leur père, un pasteur autoritaire.

Au bout de quatorze années de bon et loyaux service, la servante émet un souhait : confectionner le repas anniversaire de la mort du patriarche, par un menu entièrement français. Ca n’a l’air de rien, mais l’histoire est joliment cousue par la romancière Karen Blixen, qui a également prêté sa plume au scénario que co-signe le réalisateur Gabriel Axel. Un couple en parfaite symbiose pour nous plonger dans cet univers que n’aurait pas renié le Lars Von Trier de «Breaking the waves ».

Mais loin de toute pensée moraliste ou rédemptrice, Gabriel Axel nous parle d’une légende, avec des personnages extraordinaires et qu’il nous rend éminemment sympathique, malgré un mode de vie très orthodoxe. Ce que Babette épouse dans le silence du passé douloureux d’une France qui se battait encore sur des barricades. Elle en conserve quelques secrets qui jamais ne viendront bouleverser la tranquillité des lieux.

Si ce n’est le souvenir des amants de passage que Martine et Filippa n’ont pas su retenir, au temps où le père régnait en maître.

En ces temps là, ça ne rigolait pas …

A tous ces caractères, fondus sur la terre de Jutland, Axel tend le décor approprié (la reconstitution du village au bord de la mer est éblouissante) pour en dénoncer des principes à ses yeux archaïques.Il leur préfère la grâce et la beauté de Babette, que Stéphane Audran interprète avec une infinie délicatesse.

Transparente ,elle aussi dans le paysage , elle y apparaît , au fil des jours, belle et sereine , telle la fée du conte que nous raconte Gabriel Axel , en nous laissant imaginer que tout cela aurait pu exister. Il était une fois …

. LE REGARD DE BABETTE (23 mn)
Stéphane Audran se remémore sa collaboration avec Gabriel Axel et évoque la construction de son rôle et le tournage.

En bref

Le film

La simplicité apparente de la mise en scène confère à l’ensemble du récit des allures de légendes qui nous emmènent très loin de notre fauteuil. Et quand le cinéma réussit ce prodige, c’est qu’il est plus que réussi …

Les bonus