Sables bitumineux et schistes pourraient fournir 6,4 millions de barils de pétrole par jour en 2017 en Amérique du Nord. La France, elle, continue à faire l'autruche.
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Cette semaine, s’est tenu en Suisse le forum Global Energy 2012. Tout le petit monde de l’économie pétrolière était en émoi. Le paysage mondial de l’économie pétrolière est en train de se modifier et avec lui l’activité de tous ses acteurs. Nous sommes en train de connaître un bouleversement, une refonte totale de la carte du transport pétrolier mondial. Ce changement massif des flux commerciaux a pour cause les nouvelles ressources en gaz – et pétrole – de schiste aux États-Unis. Dans cinq ans, sables bitumineux canadiens – et schistes américains – pourraient fournir 6,4 millions de barils de pétrole par jour, à en croire les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Soit autant que l’Irak. Il y a quinze jours, l’AIE a déjà évoqué le ralentissement – de près de 5% – des échanges intercontinentaux d’hydrocarbures ces cinq prochaines années. Premiers consommateurs d’hydrocarbures, les États-Unis pourraient voir leur rythme d’importations quotidien chuter de 3 millions de barils en cinq ans, ce qui les rapprocherait de l’indépendance pétrolière.L’Asie continue son développement
De son côté, en plein développement, l’Asie continuera d’accroître ses achats. «Dans deux ou trois ans, plus de la moitié des barils produits seront brûlés dans des pays en phase de décollage», «d’importants déséquilibres vont voir le jour : une grande partie du pétrole découvert proviendra de l’Occident – États-Unis, Canada, Brésil – alors que ces besoins additionnels seront en priorité nécessaires en Orient», expose un conférencier du forum Global Energy. Les États-Unis et le Golfe disposant de grosses capacités de raffinage alors que l’Asie est encore sous-équipée, les quantités de carburants raffinés circulant sur les océans sont appelées à croître.
Pour les négociants, cette perspective représente clairement une opportunité. Le rôle d’intermédiaire réactif, à même de faire bouger les cargaisons en fonction des différents prix offerts d’une région à l’autre, va s’en trouver renforcé.
La France organise la pénurie
Les États-Unis misent sur une indépendance énergétique retrouvée pour relancer leur processus industriel et leur compétitivité. L’Asie poursuit son développement à marche forcée. Et nous ? Complètement statiques sur l’énergie nucléaire, nous regardons, immobiles, nos centrales vieillir sans oser prendre la décision qui s’impose de mettre en place un programme nous permettant de disposer à moyenne échéance de l’énergie nécessaire à toute politique de « redressement productif ».
Terrorisés par une poignée d’agitateurs ne représentant même pas 2,5% du corps électoral, nous ne sautons même pas sur l’occasion de disposer nous aussi du gaz et du pétrole de schiste qui gît en abondance sous nos pieds. En France, nous prônons l’usage de la bicyclette et du covoiturage, nous cherchons à instaurer le rationnement de l’électricité par la dissuasion tarifaire, nous raisonnons en économie de pénurie. Est-ce pour autant qu’il faut abandonner les énergies renouvelables ? Certes pas, mais il faut comprendre, une bonne fois pour toutes que les énergies renouvelables ne satisferont jamais les besoins industriels et les besoins de transport, en particulier si on conserve un objectif de croissance. On n’a jamais vu et on ne verra jamais un haut fourneau ou un TGV fonctionner avec des panneaux solaires ou une éolienne. Par contre, les énergies renouvelables, associées aux énergies traditionnelles ont tout leur avenir en production locale et domestique. Une logique que de plus en plus de pays commencent à mettre en place. En France, nos politiciens continuent de croire aux champs d’éoliennes et aux fours solaires.
Nous sommes en train de passer à côté de toutes nos chances. Sans énergie, pas de production. Sans production (on commence enfin à le comprendre), pas de création de richesse. Sans richesse, pas de répartition ni de protection sociale, pas de confort, pas de qualité de vie. Une poignée de militants, en terrorisant nos élus, entraînent la France vers une société de pénurie et de régression sociale et matérielle. Comme toujours en république française, sans consultation du peuple paraît-il souverain et surtout, sans l’énoncer.
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