A propos de Looper de Rian Johnson
Joseph Gordon-Levitt
En 2042, au Kansas (U.S.A.), la Mafia a mis au point un système criminel très performant. Elle renvoie ses victimes 30 ans en arrière pour se faire tuer par des « loopers » (littéralement « boucleurs »). L’un d’eux, Joe (Joseph Gordon-Levitt), est une petite frappe droguée et sans états d’âme, qui a grandi dans une grande pauvreté. Habitué des crimes jusqu’à en être devenu blasé, Joe a accumulé un petit magot qu’il cache bien au chaud dans sa maison. Mais un jour, il réalise que la victime qu’il a en face de lui et qu’il doit assassiner n’est autre que… lui-même avec 30 ans de plus (Bruce Willis) ! Ce grain de sable va enrayer toute la machine…
Pendant d’Inception, mais avec un scénario nettement plus compréhensible, Looper est une réussite aussi limpide qu’inattendue et éclatante. Le film, écrit et réalisé par Rian Johnson (Une arnaque presque parfaite, 2008, The Brick, 2005), cite une telle pléthore de références cinématographiques qu’il serait inutile d’en rappeler ne serait-ce que la moitié. Car là n’est pas le plus important. Outre les qualités de sa mise en scène tendue, nerveuse et enlevée, Looper peut s’appuyer sur des arguments de poids comme l’imaginaire foisonnant de son scénario, son habile construction tout en flash-backs en allers retours dans le temps, tout en jeux de miroirs déformants. Joe est un personnage qui a toujours été en quête d’identité. L’apparition de son double, plus vieux, fera éclater en lui un conflit préexistant, des contradictions intérieures qui existent depuis son enfance, depuis que Joe se cherche un but dans la vie, lui qui n’a connu que la misère. La grande force du scénario est d’être assez riche en rebondissements (sans en faire trop dans le spectaculaire comme dans Inception) et de rester palpitant jusqu’au bout. Un autre attrait de ce Looper tient dans la confrontation entre deux superbes acteurs que l’on ne présente plus, du moins pas le plus âgé.
Bruce Willis
Entouré de prestigieux seconds rôles, d’Emily Blunt à Paul Dano en passant par Jeff Daniels et l’aussi étonnant que très bien dirigé Pierce Gagnon (l’enfant aux pouvoirs surnaturels), Gordon-Levitt confirme tout le bien que l’on pensait de lui depuis Inception, 500 jours ensemble et plus récemment encore The Dark Knight Rises (on lui pardonne Premium Rush). Grimé, pour ne pas dire maquillé à outrance, pour pouvoir ressembler physiquement à Bruce Willis jeune, Gordon-Levitt a poussé le vice (du jeu) jusqu’à reprendre les mimiques de son comparse, imitant le sourire en coin comme l’œil plein de malice et d’ironie du célèbre acteur de la série des Die Hard (Une nuit en Enfer) ou de Piège de Cristal. Et le duel entre les deux acteurs, brillant, plein d’humour, ne déçoit pas, tout en rappelant un exercice de style du même genre dans Volte/face (Face/Off, 1997) si ce n’est que John Woo était allé plus loin encore en demandant à Cage et Travolta de reprendre chacun les mimiques et les attitudes caractéristiques du jeu de l’autre (pour un résultat brillant voire fascinant), ce que Rian Johnson n’a pas demandé à Willis de faire concernant Gordon-Levitt.
Au final, Looper n’a peut-être pas l’ambition (ni la prétention) d’être un thriller de science-fiction métaphysique ni un film d’une profondeur philosophique à soulever des montagnes (au contraire d’un de ses personnages) mais il est assez distrayant voire prenant pour mériter le détour. Sobrement filmé, truffé d’inventions et de trouvailles visuelles fantaisistes et humoristiques, Looper s’appuie sur un scénario bien ficelé, un rythme endiablé et un suspense qui ne faiblit pas jusqu’au coup de théâtre final. Cela suffit amplement à satisfaire le spectateur avide d’action et de sensations fortes. Qu’on aime ou pas la science-fiction, un peu de légèreté ne fait pas de mal quand elle est si bien orchestrée…
http://www.youtube.com/watch?v=9ocef2WGSbA
Film américain de Rian Johnson avec Joseph Gordon-Levitt, Bruce Willis, Emily Blunt et Paul Dano (01 h 50).
Scénario de Rian Johnson :
Mise en scène :
Acteurs :
Dialogues :
Compositions de Nathan Johson :