Dans la peau d’une victime de TOC !
Certains se souviennent peut-être du passage de Glyn Dillon sur Sandman, d’autres le confondront sans doute avec son grand frère Steve (lisez Preacher!!!), mais pour la plupart des lecteurs, ce Nao de Brown constituera la véritable entrée de cet artiste sur le marché franco-belge du neuvième art.
Cet album, qui paraît quasiment en même temps que de l’autre côté de la Manche, invite à suivre le quotidien d’une jeune métisse anglaise à Londres. Nao Brown est une geek qui travaille à temps partiel dans un magasin d’art toys, tout en essayant de trouver l’amour de sa vie. Rien d’extraordinaire, me direz-vous, sauf que dès la première planche elle se présente comme étant « une putain de malade mentale ».
« Ils ne se doutent pas que je suis une putain de malade mentale »
Souffrant de TOC violents, Nao s’imagine en train de tuer les personnes qui l’entourent, de l’innocent qu’elle rêve de pousser sous les rames du métro au chauffeur de taxi dont elle voudrait rompre le cou. Ces pulsions meurtrières, qui surgissent subitement au milieu de scènes de son quotidien, surprennent au début, mais, au fil des pages, le lecteur finit par les intégrer et par les accepter. Cette approche permet de partager et de mieux comprendre les angoisses de l’héroïne et de voir que les personnes qui souffrent de troubles obsessionnels compulsifs sont souvent conscients de la stupidité de leurs crises/rituels. A l’instar de l’Ascension du haut mal de David D., ce récit permet donc de mieux comprendre une maladie peu connue, qui pousse par exemple les gens à se laver les mains x fois par jours ou à compter leurs pas.
Si le sujet de ce one-shot est intéressant, le graphisme est véritablement de toute beauté. Le quotidien de Nao, réalisé à l’aquarelle, est visuellement splendide, avec des teintes qui varient intelligemment selon l’humeur de la jeune femme. La fable, qui narre la malédiction d’un individu mi-homme mi-arbre à la recherche de l’amour parfait, est réalisée dans des teintes plus sombres et dans un style qui semble issu d’une époque révolue. Si les deux récits se font progressivement écho, je pense que l’album aurait facilement pu se passer de ce conte d’une douzaine de pages.