Tant de gens le savent que c’est devenu une platitude de stipuler à l’endroit de Monsieur Longuet que c’est un ancien d‘Occident, ce mouvement d’extrême-droite violent dissous en 1968 et aussitôt réapparu sous la douce appellation d’Ordre Nouveau qu’il rejoint également, après un passage par le GUD, qu’il a nourri de sa production hautement intellectuelle. A l’époque, il aimait s’affranchir de l’image qu’on pourrait attendre de celui qui devint plus tard bien malgré moi et à ma grande répugnance Président du Conseil Régional de Lorraine. Ce disciple de Maurras et de Brasillach (fusillé en 1945 pour collaborationnisme) n’hésitait pas alors aux virées nocturnes dont les buts étaient plus ou moins avouables… Il fut ainsi inculpé et condamné le 12 juillet 1967 à 1 000 francs d’amende pour complicité de « violence et voies de fait avec armes et préméditation », en même temps que douze autres militants d’extrême droite, dont Alain Madelin, Alain Robert et Patrick Devedjian.
Ce préambule mémoriel installé à toute fin édificatrice de l’instruction des foules laborieuses et incultes qui me liraient éventuellement, et qui auraient de surcroît la fainéantise d’aller comme moi fureter sur google pour rafraîchir leur mémoire sujette à caution, allons droit au but : Longuet est d’une lignée idéologique qu’il n’est ni interdit ni faux de qualifier de fasciste. Il est d’ailleurs selon moi , à propos du thème de l’Algérie française que ces gens là n’ont toujours pas digéré, du même droit fil blanc que les vieux du FN, et de la même famille spirituelle que les Le Pen. La preuve en est qu’un avocat tombé bien bas qui n’est pas sans rapport avec ce parti d’extrême-droite a éprouvé le besoin de soutenir ce geste condamnable. De plus, il n’apparait pas flagrant non plus que celui qui aujourd’hui encore est sénateur de la Meuse ait répugné autrefois à casser de l’arabe en même temps que du gauchiste si l’on en juge par les nombreux épisodes racistes et xénophobes qui ont entaché sa carrière.
C’est pourquoi je n’ai guère été étonné de ce geste d’une vulgarité qui ne sied ni à la situation, ni au contexte, ni à son rang de représentant de premier ordre d’un parti politique qui prétend encore à ce que je sache à diriger le pays, alors que sa conduite et ses idées n’ont manifestement rien de républicain.
Tout cela ne serait guère important et relèverait d’une vulgaire anecdote personnelle éventuellement isolée, s’il n’y avait à la fois le raccordement, comme je viens de le démontrer, avec plusieurs familles politiques françaises, des représentations politiques fonctionnelles et nationales de premier niveau ¹ , et des conséquences politiques et diplomatiques à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de notre pays, avec l’Algérie, et avec nos compatriotes, qu’ils soient encore algériens ou d’origine algérienne. Car ce geste malsain, qu’il revendique de surcroît, ne peut que les heurter profondément et avoir des conséquences sur la manière dont ils perçoivent la France, et sa volonté d’intégration et d’empathie envers eux… Et après cela, on s’étonne que certains brûlent des drapeaux français ? Hypocrisie monstrueuse de ces gens là. Et si peu d ‘esprit critique, et si peu d’honnêteté intellectuelle.
L’a-t-il fait volontairement, alors même qu’il y a peu – et c’est tout à son honneur et à celui de la France démocratique et soucieuse des droits de l’homme – Hollande venait de reconnaître pour la première fois officiellement que la responsabilité de la France dans la répression meurtrière de la manifestation du 17 octobre 1961 était engagée ? Ce qui n’a pas manqué d’entraîner toute une volée de bois vert des ennemis de la démocratie qui ne partagent pas notre devise républicaine, comme c’est le cas de Marine Le Pen et de la succursale du FN qu’est Riposte Laïque. Une chose est sûre : le geste n’était ni gratuit, ni anodin, ni dénué d’un sens lourd : celui de la négation de l’histoire française récente.
Alors… Liberté ? Égalité ? Fraternité, avez-vous dit ?
J’en connais un en tous les cas qui, par delà ces considérations politiques, va être quelque peu gêné aux entournures pour négocier quelque contrat ou accord commercial avec ce pays dont il était pourtant si important de concilier sinon l’amitié du moins une certaine forme de paix sociale, non oublieuse du passé.
¹ Cet énarque (promotion François Rabelais, 1973) a été Député de la Meuse, Ministre chargé des Postes et Télécommunications de 1986 à 1988 (sous la Présidence de Mitterrand avec Chirac comme premier ministre), Président du conseil régional de Lorraine de 1992 à 2004, de nouveau Ministre de l’Industrie, des Postes et Télécommunications et du Commerce extérieur de mars 1993 à octobre 1994, Président du groupe UMP au Sénat de juillet 2009 à mars 2011, Ministre de la Défense et des Anciens combattants 27 février 2011 – 10 mai 2012. Il est aujourd’hui sénateur de la Meuse.
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