L’un des enfants turbulents du cinéma
sud-coréen nous revient avec Self
Referential Traverse : Zeitgeist and Engagement (2009). Kim Sun qui
s’était déjà fait remarquer avec AntiGas Skin (2010), co-réalisé avec son frère, Gok s’attaque à un sacré
morceau. Par le biais de Podori, la mascotte de la police sud-coréenne le
cinéaste fustige le pouvoir en place ainsi que la fille de l’ancien dictateur
Park lorsqu’il ne parle pas de l’émancipation de la sexualité qui est annihilée.
Podori, la mascotte de la police coréenne, a perdu ses jambes au cours
d’une manifestation un peu trop mouvementée. Chaque jour, il fait de l’exercice
pour se muscler, et s’affaire à la construction d’une paire de jambes flambant
neuves. Alors qu’il touche bientôt à son but, des rats envahissent son
appartement et s’attaquent à ses nouvelles jambes. (résumé FFCP’12)
Objet filmique expérimental à
haute teneur subversive, Self
Referential Traverse : Zeitgeist and Engagement est une expérience de
cinéma qui désarçonne. Ce pamphlet mis en scène par le biais d’un système D
ingénieux et tout aussi grossier nous offre un discours engagé sur la réalité
de la société sud-coréenne. Autant dire qu’un film comme celui-ci est assez
rare dans le panorama sud-coréen pour ne pas passer inaperçu. Il place d’ores
et déjà son auteur comme un cinéaste provocateur, véritable menace pour le
gouvernement appuyant là où ça fait mal et usant d’une liberté enragée dans le
fond comme la forme. A travers un franc-parler qui se caractérise par le
sarcasme, Kim Sun sait être drôle et percutant dans son propos. Un propos qui éclabousse
en balayant des sujets divers qu’ils soient politiques, sur les mœurs sexuelles
ou bien encore plus globalement sur la violence. Usant d’expérimentation
artistique à tous les niveaux, le faiseur qu’est Kim Sun nous plonge dans les
méandres d’une communauté coréenne où les désirs sexuels sont refoulés dans la
brutalité et les abus. La castration de Podori, la mascotte de la police est significative
de cet état de fait. On y voit son amour traumatisant pour des parents peu
reconnaissants (les politiques) pour lequel il use d’une violence aveugle et
sans discernement. Il est le symbole d’un pouvoir, une arme utilisé pour
étouffer toute révolte, ici caractérisé par les rats. Les métaphores sont
nombreuses, les références à l’actualité le sont tout autant, Kim Sun les vomit
en érigeant un joli doigt d’honneur.
Self Referential Traverse : Zeitgeist and Engagement est un
lancé de cocktail Molotov original en pleine face d’une société avec laquelle
l’auteur est en inadéquation complète. Cette guérilla en image est une petite
réussite inégale mais savoureuse.
> Rediffusion
le Mardi 6 NOV à 18h40 / Salle 1
I.D.