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Pendant que le « choc de compétitivité » occupe les esprits, « L’UFC Que choisir » vient de publier un rapport sur la fracture sanitaire qui s’installe en France. Ceux qui aiment les chocs seront servis.
Il apparaît que l’égalité des français aux soins est de plus en plus menacée par la multiplication de déserts médicaux et les dépassements d’honoraires. Cette double menace concerne d’ores et déjà 12 millions de clients d’usagers.
On sait déjà combien les bénéficiaires du CMU sont victimes du refus de soins (près de 20% en 2009) et ont du mal à se soigner. La solidarité que voulez-vous à un prix. C’est la stratégie du choc de l’accès aux soins.
Il ressort de l’enquête :
« - des déserts médicaux surtout pour les spécialistes: pour les pédiatres, les gynécos ou les ophtalmos, c’est respectivement 19, 14 et 13 % de la population qui se trouve dans des déserts médicaux .
- Accès aux spécialistes, la triple peine pour les moins aisés : Au-delà des déserts géographiques, si l’on ne tient compte que des médecins qui ne pratiquent pas de dépassements d’honoraires, la pénurie de médecins se démultiplie. C’est ainsi que le pourcentage de la population vivant dans un désert médical gynécologique passe de 14 à 54 % si l’on ne peut financièrement accéder qu’à un gynécologue aux tarifs de la sécurité sociale (pour les ophtalmos 13 à 45 %, les pédiatres 19 à 28 %). De même, s’agissant du délai d’attente pour un rendez-vous chez l’ophtalmo, si dans un cas sur deux on l’obtient en moins de 79 jours en acceptant les dépassements, on passe à 131 jours au tarif de la Sécurité sociale, 1 mois et demi de plus !
L’exclusion sanitaire n’épargne aucune zone : Si la désertification médicale touche majoritairement les zones rurales, l’exclusion sanitaire liée à la capacité financière des usagers ignore, elle, la segmentation ville/campagne. C’est ainsi, par exemple, que les habitants de Paris, Saint-Etienne, Le Mans ou Aix-en-Provence sont bel et bien dans des zones d’accès difficile s’agissant des ophtalmos ne pratiquant pas de dépassement d’honoraires.
La présence des médecins, déjà vacillante, n’est donc pas une garantie d’accès : les dépassements d’honoraires pratiqués par une partie significative d’entre eux excluent les usagers les moins aisés. L’argument fallacieux des médecins tendant à justifier la généralisation des dépassements par la stagnation de leur rémunération ne résiste pas à l’analyse : leurs revenus, hors dépassement, ont augmenté de moitié (en plus de l’inflation) depuis 1980 !
UFC par ailleurs constate que les dépassements d’honoraires ont été multipliés par 5 depuis 1980.
« Aux grands maux, les grands remèdes. Face à l’échec patent des politiques incitatives s’agissant de l’accès aux soins, et dans l’attente d’une remise à plat de la rémunération des actes médicaux, l’UFC-Que Choisir :
- Invite les consommateurs à examiner la situation de l’offre médicale dans leur communeet à interpeller directement leurs parlementaires ;
- Demande en urgence aux pouvoirs publics, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale : un conventionnement sélectif des médecins (en limitant les installations de médecins dans les zones sur-dotées, ce qui permettra de combler progressivement les zones sous-dotées), une réduction des aides publiques aux médecins installés en zone sur-dotée et la disparition progressive des dépassements d’honoraires (avec une phase transitoire plafonnant les dépassements d’honoraires à 40 % du tarif de la sécurité sociale, ce qui constitue la prise en charge médiane par les contrats de complémentaire santé). »
Rapport complet sur le site Quechoisir.org
Revenus des médecins en 2011: exceptionnels selon Le Figaro
A continuation revenus moyens 2010: