Depuis quelques jours, un débat agite les médias (spécialisés) autour d'une question importante pour les banques qui ont investi dans une solution de gestion de finances personnelles : pourquoi les consommateurs ne s'intéressent-ils pas plus au PFM ? Plusieurs avis s'affrontent, ou se complètent, et je viens donc y ajouter mon grain de sel...
Mais précisons tout d'abord le contexte de cette agitation. Selon une étude du cabinet d'études Celent, au printemps dernier, seuls 4% des américains clients des 50 premières institutions financières utilisent activement leurs outils de PFM. En élargissant le champ de l'analyse, une enquête d'Aite suggère que 27% des consommateurs exploitent un outil quelconque pour gérer leurs finances personnelles. Ce taux me semble assez respectable mais il est clair qu'il subsiste une importante marge de progrès.
Parmi les hypothèses émises pour comprendre ce (relatif) désintérêt, une bonne partie convergent vers un constat commun : les solutions qui sont mises à leur disposition ne répondent pas aux attentes des clients. Pour les offres des banques, une raison en serait qu'elle ne consolident pas les comptes détenus dans d'autres établissements, pour les indépendants, un problème serait l'impossibilité d'y exécuter des transactions.
En réalité, en prenant du recul, il faut se rendre à l'évidence : la majorité des consommateurs n'a aucune envie de gérer son budget et ne voit pas l'intérêt de consulter ses opérations passées sous une forme différente (même graphique). Mais, après tout, ce fait n'a rien de surprenant. Quand une enquête de Barclays (oui, je saute allègrement au-dessus de l'Atlantique) révèle que 36% des britanniques tardent à consulter leurs relevés de compte (voire ne les regardent jamais), il est logique que l'adoption du PFM ne soit pas plus large.
Alors, comment convaincre les réfractaires de reprendre le contrôle de leur situation financière ? Une possible solution commence à faire son chemin parmi les acteurs du secteur : au lieu de montrer à l'utilisateur son comportement passé, pour le laisser prendre ses décisions seul, il serait plus efficace de l'aider concrètement en projetant l'information disponible pour lui présenter sa position future et, dans l'idéal, en lui donnant les moyens d'agir immédiatement sur celle-ci.
D'abord apparue (partiellement) avec le "Safe to Spend" de (Bank) Simple, puis déclinée depuis sous la forme du "Can I afford it?" de Meniga, l'idée arrive maintenant dans une banque. Selon un article du magazine American Banker, Wells Fargo serait en effet en train de mettre au point un outil prédictif, permettant à ses clients de prévoir leur avenir financier (pour, par exemple, répondre à la question : pourrai-je payer mon loyer à la fin du mois ?).
L'objectif n'est pas de fournir une estimation extrêmement précise (ce qu'il faudra soigneusement expliquer aux utilisateurs) mais de donner une perspective sur les 30 jours à venir. Forte des données (à la fois individuelles et consolidées) dont elle dispose et des compétences nécessaires pour les exploiter, la banque ne devrait pas avoir trop de difficultés à établir des projections suffisamment réalistes pour éclairer ses clients sur leurs finances personnelles.
Et cette information, présentée sous une forme adaptée (accompagnée d'alertes, peut-être ?) pourrait faire des consommateurs des utilisateurs de PFM sans même qu'ils s'en rendent compte...