BD - Editions Delcourt - 201 pages - 22.95 €
Parution en janvier 2012
L'histoire :
Une jeune femme reprend ses esprits sur un banc sans se rappeler ni de son nom ni de ce qu’elle fait là. Menant l’enquête tant bien que mal, elle tente de recouvrer la mémoire et de retrouver son identité. Mais que va-t-elle découvrir ? Un passé romanesque fait de drames et de romances ou l’existence banale d’une femme ordinaire ? Et dans ce cas, saura-t-elle devenir quelqu’un après avoir été quelconque ?
Tentation : La blogo
Fournisseur : La bib'
Mon humble avis : Etant amateur amatrice de BD depuis peu de temps, je ne connaissais le nom de Pénélope Bagieu que de réputation et ignorais tout de celui de Boulet... qui à en voir les commentaires sur certains sites marchands, est une véritable pointure de la BD française.
Une lecture bien agréable ma foi. Un dessin relativement simpliste, (qui est à priori la signature de l'auteure),
mais les personnages, avec leurs grands yeux, leur grande bouche et leurs postures corporelles sont très expressifs. Nombre de dessins et de planches comportent à peine quelques bulles,
voir juste une ou deux onomatopées. Aussi, les yeux glissent sur les planchesjusqu'à ce que les arrêtent un détail, une expression plus touchante qu'une autre. Par exemple, j'ai beaucoup aimé la
façon qu'à Pénélope Bagieu de montrer à quel point quelques objets peuvent montrer ce que nous sommes, quand la pauvre Eloïse, subitement amnésique, rentre chez elle. L'adresse, c'est sur sa
pièce d'identité qu'elle la trouve. Une fois dans son home sweet home soudainement inconnu, l'héroïne fait le tour des objets, tente d'analyser leur présence en ce lieu et ainsi, de découvrir qui
elle peut bien être, quelle genre de fille peut bien se camouffler dans sa mémoire. On s'attache de plus en plus à Eloïse et l'on partage son désarroi, son incompréhension, sa solitude, sa
peur d'être prise pour une folle. Le tout est scénarisé avec un beau bouquet de tendresse et de chouette tiges d'humour. Ah, je me suis bien amusée lorsque Eloise occupe comme elle peut son poste
de libraire... Les auteurs nous font alors le cadeau d'une sacrée galerie de portraits de clients types ("Vous avez le dernier Levy, demandé autant par le "djeunes" que par la bourgeoise pas tout
à fait fanée) que de clients uniques (faut que je lise "le rouge et le noir". Dites, si je prends que le rouge, je vais comprendre ?"
Bref, cette quête identitaire oscille entre émotion et sourire. La fin est surprenante. Elle fonctionne très bien et donne ainsi à cette BD un aspect fable ou conte, mais elle tombe un peu comme un cheveux sur la soupe. J'aurais apprécié qu'elle soit amenée avec plus de détails dans l'évolution du personnage. Comment Eloïse tire cette conclusion, qui nous amène presque à penser que peut-être elle n'a fait que rêver, que peut-être son amnésie est juste un long dialogue avec elle même pour répondre à cette question à différents degrés : qui est elle ?
Ce qui est sûr, comme le prouve une nouvelle fois ce scénario, c'est qu'à trop vouloir ressembler aux autres, on risque de se perdre, même si notre mauvais inconscient (la société en fait), nous pousse à penser qu'il faut suivre un certain formatage pour devenir quelqu'un... Dans cette jungle, pas facile de savoir qui l'on est ni de devenir qui l'on souhaite être...
Le message n'est pas novateur, mais il est narré et dessiné de façon ludique, fraiche et subtile à la fois : un réel plaisir !
Les avis d'Antigone, de L'Irrégulière