Cher Jan Fabre, (ce n’est qu’une formule de politesse parce que tu vaux à peine autant que les excréments que tu as exposés à Avignon),
je viens de prendre connaissance de ta « performance » à l’Hôtel de ville d’Anvers. Aussi, au nom de mes chats et de moi-même, je souhaite t’insulter copieusement (en français et en flamand) et j’espère que tu te feras bien griffer le cul à chaque fois que tu croiseras un félin. Tu affirmes avoir « couru pour sauver ta vie » et devoir régulièrement changer de résidence depuis ton forfait, et c’est bien fait pour ta gueule. Je compte bien qu’un de ces quatre on t’attrapera et qu’on te transformera en Sheba ou en Ronron, bien que je doute qu’aucun chat ne goûterait le brouet dégueulasse de tes mânes.
Tu as fait ton fonds de commerce de la provocation pipi-caca à peu près aussi dérangeante que les aventures de Oui-Oui dans sa voiture jaune ou qu’une chanson de Justin Bieber, grand bien te fasse, n’est pas héritier de l’actionnisme viennois qui veut. Mais la prochaine fois attaque toi à une cible un peu plus grosse. Par exemple, sur le modèle du concours de masturbation que tu as créé et qui résume à merveille ton œuvre, tu pourrais lancer un concours de seppuku avec tous les imbéciles qui t’ont aidé à lancer des chats en l’air et à faire passer ça pour de l’art. Ou alors fais-nous un grand happening avec tes collègues en cruauté les chasseurs et les toréadors et butez-vous les uns les autres, ça nous fera des vacances.
Tes excuses aux amis des chats, tu peux te les coller là où ça te fait le plus de bien. Tu accuses tes détracteurs de vouloir faire « du sensationnalisme » ou « d’exagérer », ce qui prouve la sincérité de ta contrition. Nul doute que quand tu étais gamin, tu devais être un de ces petits connards qui courent après les pigeons pour leur donner des coups de pied, et que ça faisait marrer tes parents. Au moins le pigeon peut-il s’envoler à ton approche, alors que le chat, dans l’hypothèse où tu ne l’aurais pas remarqué, n’a pas d’ailes et goûte fort peu qu’on lui fasse vérifier à son corps défendant les découvertes de Newton sur la gravité universelle.
J’apprends également que tu as eu la bonté de ne pas porter plainte contre tes agresseurs. C’est trop aimable de la part d’un bourreau d’innocents greffiers comme toi. Tu penses être victime d’un conflit politique avec la mairie d’Anvers aux mains de l’extrême-droite, qui rêve de « se faire un artiste contemporain ». Extrême-droite ou pas, et que les chats aient été blessés ou pas, ce n’est pas le problème: on ne jette pas des animaux en l’air, quand bien même toutes les conditions de sécurité seraient réunies pour que les minous retombent sur leurs coussinets sans avoir eu le temps de comprendre ce qui se passe. Ce n’est simplement pas de l’art, pas plus que la corrida, mais juste de la bêtise et de la cruauté. En plus, tu n’as rien inventé, le lancer de chats se pratiquait déjà du haut du beffroi d’Ypres, mais tes compatriotes ont arrêté en 1823 (on jette désormais des peluches), c’est dire comme tu es à la bourre au niveau créatif.
Tu as quand même de la chance de vivre dans une époque où le bien-être animal a si peu d’importance, et d’avoir une protection policière. Dans l’Egypte Antique, on t’aurait sans doute empalé sur une pyramide. Quoique je trouverais le spectacle plus esthétique que ta galerie d’autoportraits, je ne te souhaite tout de même pas de finir dans de telles circonstances, le simple fait de savoir que tu as aussi peur pour ta misérable peau que les pauvres chatons que tu as lancés me suffit largement en attendant une sanction pénale exemplaire. Et j’ose espérer que les personnes qui t’ont fourni les chats en prendront aussi pour leur grade. A moins que tu les aies fait ramasser dans la rue pour immortaliser ta connerie sur l’autel des arts plastiques de mes deux, ce qui ajouterait une rafle à des mauvais traitements.
En attendant, le tribunal graoullien de la chronique immondaine te condamne à recopier mille fois le poème de Baudelaire, à le traduire en flamand, et à ne plus pratiquer l’art que dans la litière d’où tu n’aurais jamais dû sortir.
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