Une loi contre l’Islamophobie est l’unique réponse au scandale

Au nom de quelle liberté d’expression, selon quelles finalités et pour quels bénéfices un esprit sain peut-il produire, participer ou réaliser un film aussi répugnant et nauseéabond, cette charge contre l’une des plus belles spiritualités du monde? A quoi? A qui faut-il attribuer le lâche assassinat des diplomates américains en service en Libye? A l’ignorance, la bêtise et l’aveuglement de citoyens libyens s’autoproclamant défenseurs de l’Islam? A l’instrumentalisation par la farouche lutte pour le pouvoir ouverte depuis la chute du Colonel Khadaffi? A la vaine prétention universaliste d’un Occident auto-proclamé gardien de la paix et de la liberté dans le monde? Au fatal instinct meurtrier de l’homme dont la résurgence cyclique s’impose à nos consciences éberluées?

Cette photo n’est pas censée représenter le Prophéte (PSL) qu’on ne peut figurer

Mon oncle, avec qui j’en discutais, par un raccourci que je ne m’explique pas, trouva comme explication le non règlement de la question palestinienne. Peu convaincu, je passais la nuit à regarder l’image de cet ambassadeur qui semblait si respectueux des usages libyens et si fier de participer à la Révolution libyenne.

En pensant à ses enfants, à sa famille, je ne pus réprimer une colère sourde contre cet obscur Raison d’Etat qui expose nos vies à des intérêts qui nous dépassent et dont les oppositions sont souvent dévastatrices en vies mais aussi en biens.

Bien sur qu’il faut condamner ce film, cet appel à la haine, ce ridicule navet. Mais il faut aussi comprendre les raisons profondes qui expliquent qu’une partie de musulmans se soit ruée dans la rues, vers les ambassades occidentales, en Egypte, en Libye, en Palestine, au Soudan et même à Paris. C’est d’abord  et avant tout l’expression d’une profonde misère sociale et économique. Frappés par un chômage endémique que n’arrivent pas à juguler les nouveaux régimes issus des récentes révolutions, ces manifestants désœuvrés sont la proie d’organisations fondamentalistes qui ont remplacés des États défaillants.

Leur opposer la liberté d’expression est non seulement vain mais contre productif. En effet, le véritable débat c’est la résurgence cyclique d’un Islamophobie rampant dont les soubassements résident dans une ignorance voulue, une bêtise crasse et une instrumentalisation politique. Cette propagande islamophobe, jusque-là insidieuse, et de plus en plus ouvertement décomplexée, est l’un des nouveaux visages du racisme. Se nourissant de mensonges, d’instincts et de peurs, ces théoriciens et activistes forment une nébuleuse pathologique gonflée d’une banalité de plus en plus dangereuse pour l’équilibre de nos sociétés multiculturelles.

C’est pour cela qu’il est grand temps que nos élus réfléchissent à une législation contre l’Islamophobie. Qu’on s’oppose, critique et même injurie le Prophete (PSL) dans l’intimité de son salon ne poserait de problème à quiconque. Mais produire une déclaration ou une oeuvre à diffusion publique insultant la foi et la mémoire de millions, de personnes que l’histoire maltraite à longueur d’années, est une attaque violente contre l’entente et la paix entre communautés. Une loi qui sanctionnerait toute déclaration ou oeuvre publique de cette nature serait la bienvenue!