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Un Coeur simple, de Flaubert

Par Carolune

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Pour reprendre les hostilités après une longue absence, je tape dans du beau, du sublime, du Littéraire avec un L de dix-huit mètres de haut, dans de l’Art, quoi. Ouais.

Et absurdité totale, je commence malgré tout par le résumé, mais là, il est de la main de Flaubert lui-même  :

L’Histoire d’Un coeur simple est tout bonnement le récit d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n’est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste.


J’aime ce résumé comme j’aime ce livre : Flaubert y dresse une liste des épisodes du roman, mais là n’est pas l’essentiel…Relisez ce résumé, à haute voix, sentez le rythme, l’équilibre des sons, le flux de l’écriture…et si cela vous fait quelque chose, jetez-vous sur Un Cœur simple ! Flaubert en effet en parle, c’est célèbre, comme d’un « livre sur rien » et « qui se tiendrait par la seule force de son style ». C’était son projet, et c’est magistral : la beauté de l’écriture elle-même suffit à captiver, et on se prend finalement à s’attacher, à s’émouvoir du sort de la pauvre Félicité – la pauvre fille de campagne, qui devient servante, dont on nous raconte l’histoire -, à la trouver sublime, par la seule magie du style. L’écriture parvient à transformer un personnage à première vue plutôt inintéressant en Figure sublime, en objet d’art. La scène de sa mort est, pour cela, absolument superbe, elle m’évoque toujours un vitrail visuel et sonore, alors que son sujet n’est finalement « que » le délire d’une mourante qui s’offre un dernier trip avec son perroquet…

La chose est bien difficile à exposer sans tomber dans le commentaire composé, mais cette lecture est une expérience en soi, et aussi une porte ouverte vers la littérature proprement artistique, celle qui crée les souvenirs éternels.

Parce que oui, Hugo et Flaubert sont vachement plus balèzes que Marc Lévy, et qu’eux méritent, contrairement à beaucoup d’autres, le nom d’artistes et une place dans la mémoire collective.  

Cela n'empêche d'ailleurs pas la lectrice de ce blog de se délecter de nombre de page-turners et autres thrillers jubilatoires mais vite oubliés...la question est simplement de savoir ce que l'on mange et de digérer en conséquence... non ?


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