Le pitch était pourtant prometteur. J'ai pour habitude de résumer ici-même les histoires à ma sauce mais Le Temps du rêve est si particulier que je préfère, pour une fois, laisser la place à la quatrième de couverture :
BIENVENUE DANS LE TEMPS DE VOTRE RÊVE !
GRÂCE AU DREAMMASTERTM VIVEZ LA VIE DONT VOUS AVEZ TOUJOURS RÊVÉ...
>Sélectionnez le scénario de votre choix, fermez les yeux et laissez-vous guider. >Une aventure dont vous êtes le héros, aux côtés de vos stars et icônes préférées ! >Le Temps de votre rêveTM vous offrira des sensations inédites. Vous vous changerez en aigle, en condor, en prince, en déesse, en explorateur, en virus...
>TARIF ATTRACTIF< Contrôle parental exigé
Voilà de quoi donner envie de se plonger dans le livre, de savoir à quelle sauce Norman Spinrad va une fois de plus appuyer de manière bien sentie sur les dangers de notre société moderne, là ou ça fait mal, sans doute parce que nous sommes tous acteurs, de manière consciente ou non, d'une vérité pas toujours évidente à entendre.
"De nos jours, pour aller de n'importe où à n'importe où ailleurs, il faut traverser de longues étendues de nulle part, ce que quiconque croyant être quelqu'un fait tout pour éviter. La civilisation peut-être définie comme la distance entre ceux qui s'estiment civilisés et ceux qui doivent faire le sale boulot, mais elle ne paraît jamais assez grande, n'est-ce pas Princesse ?"
Et ,en l'occurrence, Norman Spinrad, pour mettre en garde – à moins qu'il ne soit trop tard – sur le contrôle des masses, passe donc par la voie des Rêves, impliquant directement le lecteur en utilisant le « tu ». Là encore, pourquoi pas, mais c'est dans le traitement du récit onirique que je n'ai pas pu adhérer à ce texte, relativement court, et pourtant trop long. Trop long parce que trop descriptif et chargé de séquences abruptes, parfois délirantes, presque toujours sans queue ni tête. Comme peuvent l'être les rêves, j'en conviens et je serais même enclin à dire que Norman Spinrad a réussi un tour de force en les rendant si... réels.
"Ce qui est réel, est réel..."
Mais de la même manière que je suis réfractaire au théâtre de l'absurde, je ne suis pas parvenu ici à coller aux expressions oniriques auxquelles j'étais pourtant invité à être le héros, avant d'en être le spectateur critique. Et de fait, tout ce sur quoi ce texte invitait à la réflexion (l'évolution, le sens du réel, l'uniformisation...) m'est un peu passé au-dessus de la tête, et je ne manque pas de le regretter.