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Dans le film New-York 1997, réalisé en 1981, le réalisateur John Carpenter avait transformé l’île de Manhattan en prison à ciel ouvert et à sécurité maximale, où les condamnés y étaient déversés et livrés à eux mêmes.
L’oeuvre de John Carpenter a été cataloguée film de science-fiction. Mais la réalité de 2012 permet d’envisager de transformer le réalisateur en visionnaire involontaire et de faire de son film une oeuvre d’anticipation car l’imagination d’hier devient peu à peu la réalité d’aujourd’hui.
A une exception près, c’est que c’est la ville de Détroit qui se meurt, abandonnée par les entreprises et les pouvoirs publics, et qui sombre inexorablement vers les abysses de la déchéance.
Détroit, la ville du chaos. Un signe de plus du déclin de la Civilisation nord-américaine? Sûrement. C’était bien la peine de massacrer tous les Indiens. De la civilisation « occidentale »? On est bien parti, encore un effort. De la civilisation tout court? Probable, on fait tout pour.
Pour comprendre:
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Montage de photos issues du livre « Detroit: Vestiges du rêve Américain » d’Yves Marchand et de Romain Meffre avec le morceau « Detroit » d’Oddisee.
Photos en diaporama commentés par les auteurs: Télérama
Detroit a perdu a perdu plus de la moitié de sa population depuis les années 1950. C’est une shrinking city, une ville qui rétrécit. Le krach de 2007, la crise des subprimes, les saisies immobilières et la débâcle des trois principaux employeurs de la ville – Ford, Chrysler et General Motors – ont précipité la chute. La grande métropole de plus de 2 millions d’habitants n’en abritait plus que 713 000 d’après le recensement de 2010, et l’hémorragie continue, pour ceux qui peuvent, car beaucoup n’ont autre choix que d’y rester. (Un départ toutes les 22 min en moyenne)
Les bâtiments vides ne le restent évidemment pas longtemps. « Ce sont des« crack houses », des repaires de drogue », soupire John, qui habite dans une rue voisine : « Ici, les gens se font tuer et violer en plein jour » - la ville est classée comme l’une des plus dangereuses des Etats-Unis. Ce retraité, treillis militaire, barbe blanche, grosse carrure, s’est installé dans cette petite maison modeste, avec sa femme, ses neveux, deux canapés défoncés, une télé et… un gros chien : « Les enfants ne sortent pas sans lui. Ce n’est pas un endroit pour eux ! Mais je n’ai pas d’argent pour partir. » Alors il reste, en regardant la grue jaune défoncer une à une les maisons voisines. Anny, elle, ne sort plus de chez elle que pour sauter dans sa voiture, et encore, quand il fait jour. Mais elle s’accroche à son îlot barricadé : « Je resterai jusqu’au Jugement dernier… j’aimerais tant que les gens reviennent. »
Voici les statistiques parues dans The Economic Collapse du 7 octobre dernier. Absolument incroyables.
Les homicides justifiés commis par les forces de l’ordre ont augmenté de 79% en 2011, ceux commis par les habitants en situation de légitime défense de …. 2200% (deux mille deux-cent pour cent)
En raison des coupes budgétaires, le nombre de policiers est passé de 5000 en 2000 à 3000 aujourd’hui, ce qui a livré des quartiers entiers aux gangs. Les commissariats sont fermés au public 16 heures par jour, faute d’effectifs suffisants.
En une journée, il y a eu 9 meurtres par arme à feu en pleine rue
Les gens prennent des cours d’auto-défense et s’arment. Des milices se créent. Ainsi, »Détroit 300″ a été constituée après l’assassinat dune dame de 90 ans.
La police anti-gang compte 200 membres alors que les gangs en comptent près de 100 000.
25% des enfants arrêtent les cours au collège
48% des hommes de 20 à 64 ans étaient sans emploi en 2008. Le chômage dépasserait aujourd’hui les 55%.
Le prix moyen d’une maison à Détroit est de 6 000 dollars, certaines ont été cédées pou 1 dollar.
Détroit compte plus de 40 000 logements vacants
Si l’envie vous vient malgré tout un jour, de voir de vos propres yeux ce chaos , voilà ce qui vient dêtre affiché et que vous pourrez lire en arrivant à Détroit:
Affiche de la polie de Détroit
« Vous entrez dans Détroit à vos risques et périls ». Le ton est donné. » Détroit est la ville la plus violente du pays ». S’ensuit une liste de revendications et constat d »échec de la police.
Détroit, si elle est devenue la plus emblématique du chaos urbain, n’est pas la seule dans ce cas. The Economic Collapse cite le cas par exemple de la ville de Scranton en Pennsylvanie (en anglais) qui connaît comme d’autres une évolution similaire.
People of Detroit: What do you think about free capitalism, crazy and wild? What about the solidarity of your state and your country? Wonderful Obama or Marvellous Romney?
Pour aller plus loin, voici une vidéo témoignage hallucinante d’un courageux québécois qui s’est rendu à Détroit en janvier 2012.
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Sources: Télérama – RFI – The Economic Collapse (en anglais)