A moins d'une grève surprise ou d'une intrusion de M. Ribeiro pour cause de rupture abusive de contrat (une spécialité camerounaise de plus), les Lions livrent le 14 novembre 2012 un match amical contre la sélection nationale d'Albanie. La rencontre se déroulera, si tout va bien, au stade de Genève, antre du Servette local. Le match débutera à 20h45, heure d'Argenteuil et de Yaoundé. On sait déjà que c'est la Fédé albanaise qui invite et qui régale, comme d'habitude, puisque le Cameroun est devenu un pays incapable de faire ce genre de choses.
Voir ici des photos du stade de Genève.
L'Albanie, donc. Mais quel est ce pays et que vaut son football ? Voici ma super Enquête Exclusive (en vrai, c'est juste une compilation d'informations trouvées sur le net, mais ne le dites à personne).
Pour ce premier opus : l'Albanie, le pays.
Carte d'identité
Nom : La République d'Albanie se dit en albanais "Republika e Shqipërisë", ce qui signifie "Le pays des aigles". Ce n'est qu'au XIIIe siècle que le pays prend le nom officiel et latin d'Albania, qui vient d'une tribu illyrienne ayant fait souche sur ce territoire au XXe siècle avant Jésus-Christ, ce qui ne nous rajeunit pas. Malgré ce nom un peu artificiel d'Albanie, les Albanais se considèrent toujours comme des "Shqiptarë", qui signifie "Fils des Aigles". Ils sont actuellement environ 2 832 000.
Intimidant, n'est-il pas ?
Capitale : la capitale de ce pays est Tirana, 375 000 habitants environ, une gare ferrovière comme à Yaoundé, et un projet de tramway, comme à Nkoteng. Sauf que le tramway de Tirana roulera en 2020, et celui- de Nkoteng vers l'an 3000.
Peut-être.
Voir ici des photos de Tirana.
Monnaie : le Lek. Au moment où j'écris, 1 Lek vaut tout juste 5 francs CFA, ce qui tombe plutôt bien, puisque cette drôle de devise qui nous sert de "monnaie" n'est multipliable et divisible que par 5.
Age : l'Albanie est en quelque sorte une "born again country". Née une première fois le 28 novembre 1912 en prenant son indépendance de l'Empire Ottoman, le pays, comme un Chrétien évangélique, dût renaître en 1991, à la chute de l'URSS qui dominait les Balkans depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Drapeau : Le drapeau de l'Albanie est en fait l'étendard de Skanderbeg, héros local du XVe siècle, qui essaya (sans grand succès) de résister à l'avancée des Turcs Ottomans. On y reconnaît facilement l'aigle dont les Albanais se targuent toujours d'être les enfants.
Hymne national : le tube s'intitule "Hymni i Flamurit", ce qui signifie très sobrement "l'Hymne au drapeau". La musique est du compositeur roumain (!) Ciprian Porumbescu, et les paroles sont celles d'un poème composé en 1912 par Aleksander Stavre Drenova (ASDREN pour les intimes et accessoirement pour les fainéants).
Télécharger l'hymne albanais pour vos soirées pluvieuses : Hymne albanais
Et pour ceux qui veulent chanter en même temps, cliquer sur l'image ci-dessous pour voir les paroles.
Eléments géographiques : la superficie du pays est de 28 748 km² (un peu plus que notre région du Sud-Ouest avec ses 25 410 km², mais largement moins que la région de l'Extrême-Nord et ses 34 263 km²).
Située au sud-ouest de la région des Balkans dont elle fait partie, l'Albanie fait face à la côte orientale de l'Italie, dont elle est séparée par la Mer Adriatique.
Carte :
70 % du territoire est de type montagneux. Or, avec un sommet culminant à 2753 m, leur Mont Korab est un petit joueur devant notre Mont Cameroun qui mesure pour l'instant 4095 m, en attendant de pouvoir grandir encore un peu lors de sa prochaine éruption.
Le plus long fleuve est la Dniri, 282 km de la source à l'embouchure. Même pas la peine de placer à côté la Sanaga et ses 918 km, ni même le Nyong et ses 640 km.
Le climat est méditérrannéen sur les côtes, et continental à l'intérieur des terres. Les deux grandes zones climatiques sont cependant le Nord, plus froid et le Sud, au températures plus douces.
L'économie albanaise demeure largement tributaire de l'agriculture, qui représente environ un quart du PIB. 60% de la popullation exerce dans le secteur dit primaire (agriculture, élevage, pêche). L'économie albanaise a beaucoup souffert de l'émigration qui s'est déroulée en plusieurs grosses vagues, au gré des accidents de l'Histoire du pays.
Il va sans dire que l'Italie accueille la plus grande partie de la diaspora albanaise, qui est l'une des plus importantes d'Europe.
Si l'on rajoute à ces données une inflation à 3,6 % et une croissance qui stagne à 3,5 %, on comprend sans peine que l'Albanie soit classée dans la catégorie des pays en voie de développement. En gros, la situation du Cameroun il y a 20 ans, avant la glorieuse régression qui nous a ramenés dans la compagnie des Pays Pauvres Très Endettés.
Un peu d'histoire : Le territoire sur lequel se trouve l'Albanie aujourd'hui a été très tôt occupé par ce grand nomade que demeure Homo Sapiens. Les premiers peuples signalés par les historiens, 20 siècles avant notre ère, sont les Illyriens, originaires de la région de l'Inde actuelle, comme tous les peuples dits aujourd'hui "Caucasiens." Noter que les Thraces ont aussi habité la région à la même période.
Il existera d'ailleurs un Etat illyrien, signalé par Hérodote au Ve siècle avant J-C.
En -165, Rome semble découvrir l'existence à ses portes de ce pays qui lui fait concurrence avec ses ports, et l'annexe promptement.
Au moment du partage en deux de l'Empire Romain en 395, l'Illyrie se retrouve dans l'Empire d'Orient, et devient immédiatement la proie des hordes nomades : Goths, Huns et tribus slaves. C'est la fin des Illyriens, remplacés par des populations venues de Serbie, de Croatie et des Carpathes (Pologne actuelle). Les derniers Illyriens "de souche" sont signalés au VIIe siècle.
Les Albanais sont évoqués pour la première fois de façon formelle au Moyen-Âge. Noter cependant que Ptolémée avait déjà signalé, dès le IIe siècle, une certaine "Albanopolis" sur l'actuelle région de l'Albanie centrale.
En 1054, c'est l'Eglise Catholique qui se divise à son tour, selon les mêmes contours que l'Empire romain : le Grand Schisme donne naissance à une Eglise d'Occident avec pour coeur battant Rome, et une Eglise d'Orient dirigée depuis Constantinople.
L'histoire de l'Albanie va se trouver impactée par cet événement. En effet, outrée par les exactions des Croisés occidentaux lors de la mise à sac de Constantinple en 1204, l'Eglise d'Orient décide de bénir les velléités impérialistes des Ottomans. Grâce à ce soutien, l'Empire Turc fait main basse sur les Balkans, y compris l'Albanie, malgré la tentative de résistance de Gjergj Kastriot Skanderbeg, dont nous avons déjà parlé plus haut. On est aux XIVe/XVe siècles.
Ce n'est donc que 500 ans plus tard que l'Albanie moderne naîtra, en s'affranchissant d'un Empire Ottoman moribond à la veille de la Première Guerre Mondiale. Ladite guerre qui naîtra, comme de juste, dans cette même poudrière des Balkans. Mais ceci est une autre histoire.
Au lendemain des grands troubles de la première moitié du XXe siècle, le pays se réveillera en 1946 pour découvrir qu'il fait désormais partie de la zone d'influence soviétique, et se rendormir derechef. Il faudra ainsi attendre la déliquescence de l'URSS pour qu'en 1991 l'Albanie ne sorte véritablement, exsangue, de cette véritable hibernation historique.
Aujourd'hui, le pays est une démocratie. Le Président de la République est élu par le Parlement tous les cinq ans. Il nomme le Premier Ministre au sein de la majorité. Le pouvoir législatif est incarné par le Parlement, appelé Kuvendi. Cette chambre compte 140 députés, élus tous les 4 ans dans un scrutin proportionnel régional.
L'Albanie est divisée en 12 préfectures (qark), subdivisées en districts appelés Rrethe (36 au total).
Le Premier Ministre actuel s'appelle Sali Berisha. Il a été nommé par le Président Bujar Nishani, 46 ans, au pouvoir depuis... 5 mois seulement.
Petit joueur !