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Frankenweenie

Par Kinopitheque12

Tim Burton, 1984 (États-Unis)

Frankenweenie

Victor Frankenstein a fait une bêtise. Inspiré par un cours de science à l’école, une nuit d’orage, le petit garçon a fait revenir son chien Sparky d’entre les morts. Alors, la créature aux énormes cicatrices met vite en panique le quartier d’habitude si tranquille avec ses voisins qui se saluent et ses pelouses bien entretenues. Évidement dans ce court métrage (29 min), Tim Burton s’amuse, cite les deux opus de Whale (Frankenstein et La fiancée de Frankenstein, 1931 et 1935) et développe au milieu d’un reliquat disneyen (Bambi, Donald, Dingo) tout le gothique nécessaire (un laboratoire, un cimetière et partout des ombres). Vincent, le petit chef d’œuvre de 6 minutes qu’il réalisait deux ans auparavant, montrait déjà un jeune garçon qui transformait son chien en un « horrible zombi ». Mais ce court d’animation jouait davantage avec les espaces, les ployant et les étirant à la manière des films expressionnistes allemands.

Frankenweenie
Frankenweenie

Malgré le noir et blanc, l’ambiance de Frankenweenie rappelle plutôt les films de Spielberg : un enfant touché par le merveilleux dans une banlieue middle class (E.T. date de 1982). C’est aussi toute l’atmosphère parfaitement recréée par J. J. Abrams quand il rend hommage à ce cinéma-là dans Super 8 (2011). D’ailleurs, tout comme Super 8 s’achève sur la petite réalisation horrifique des enfants du film, Frankenweenie s’ouvre sur celle bricolée par Victor où Sparky se voit attribuer le rôle d’un dinosaure à crête (inspiré ici de films des années 1950 du type Le monstre des temps perdus ou L’étrange créature du lac noir auxquels Burton est attaché). Dans ces histoires, c’est comme si ces enfants apprentis cinéastes portaient déjà en eux tout le fantastique dont ils deviennent ensuite les acteurs.

Frankenweenie


Un seul plan dans Frankenweenie nous semble très bien résumer l’essence de l’imagerie burtonnienne : les grilles déglinguées du mini-golf par-dessus lesquelles la caméra passe, un chemin sinueux, un faux château disneyen et au fond du paysage l’inquiétant moulin qui sera bientôt réduit en cendres. L’endroit est abandonné, le ciel est noir et les ombres s’étirent. Ce n’est pourtant qu’un terrain de loisir vers lequel a couru un petit chien. Ou bien le souvenir d’une enfance lointaine, devenue friche et désormais propice à tout le lugubre de l’artiste en devenir.


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