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On a l’influence culturelle que l’on mérite

Publié le 01 novembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Quitte à être sous influence, ce qui est difficilement évitable, autant choisir l’influence de ceux qui contribuent à votre développement et votre épanouissement.

Par Jean-Louis Caccomo.

On a l’influence culturelle que l’on mérite
Il y a quelques semaines, mon doctorant libyen a soutenu sa thèse de doctorat, après 5 années de recherche ardue, lui permettant de devenir professeur d’économie à l’université de Tripoli. Soulagé et heureux, il a ressenti le besoin de me confier qu’il ne pouvait pas exposer dans sa thèse un diagnostic objectif de la situation de son pays au risque de mettre en péril la sécurité de ses propres enfants, surtout qu’il dépendait d’une bourse officielle de son gouvernement pour mener à bien ses recherches.

Mais, finalement, à ne pas voir la réalité objective de son pays, qui lui aurait permis de mesurer la colère montante de la rue, le colonel Kadhafi a fini par se condamner lui-même. C’est une leçon que nos dirigeants feraient mieux de méditer.

En France, où la recherche académique est totalement contrôlée par l’État, on ne risque certes pas physiquement sa vie, mais on met en jeu sa vie académique et symbolique. En effet, si un chercheur veut faire une belle carrière au sein de l’université française, il vaut mieux relayer sagement et fidèlement le discours officiel, notamment en flattant et en surestimant à coup sûr la fonction régulatrice de la puissance publique dans le domaine économique. De plus, vous serez invité sur tous les plateaux de télévision qui comptent dans le paysage audiovisuel français (PAF).

À ce propos, il est pour le moins étonnant de voir combien le modèle français fascine encore les dictatures et les régimes autoritaires de la planète, notamment sur le continent africain. Pourtant, ces mêmes pays n’ont de cesse de vilipender l’héritage colonial français qu’ils s’efforcent dans le même temps de répliquer. Lénine n’avait-il pas lui-même pris pour modèle la Terreur, avatar tragique de la révolution française ?

Ainsi, la France, pays des droits de l’homme, de Voltaire, Montesquieu, Benjamin Constant et Bastiat, continue de rayonner auprès des élites les plus rétrogrades du monde. Ne nous étonnons pas que les peuples, qui ont toujours soif de liberté, se tournent vers d’autres lumières.

Pourtant, l’expérience du XXe siècle devrait faire méditer nos consciences éclairées. Après la seconde guerre mondiale, l’Allemagne et le Japon, sous protection américaine et bénéficiant des institutions du GATT et du FMI, sont devenus en quelques décennies les plus grandes puissances économiques de la planète.

De son côté, à travers le COMECON, Moscou a organisé un pillage systématique de ses pays satellites, notamment de l’Ukraine qui regorgeait de ressources naturelles. De leur côté, les pays sous influence francophone qui prenaient leur indépendance nouvelle, subissent toujours les réflexes malheureux de la Françafrique. Comme dans la vie personnelle, quitte à être sous influence, ce qui est difficilement évitable, autant choisir l’influence de ceux qui contribuent à votre développement et votre épanouissement.

Aucun ministre de la culture, aussi brillant et cultivé soit-il, ne pourra changer la donne si on ne s’attaque pas un jour aux racines structurelles de ce phénomène tandis qu’un nombre croissant des futures élites des pays émergents vont se former dans les universités étrangères (anglaises et américaines) plus attractives.

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