Nous poursuivons la recension d'ouvrages que nous n'avons pas (encore) dévorés, noyée sous le joug d'une actualité littéraire débordante, avec quelques parutions tout à fait dignes d'intérêt. Je vous en livre l'argument, sur base des notes d'édition.
Paru le 5 octobre, un roman inédit de François Barberousse (1900-1979), sorti de l'oubli, 3/4 siècle après son écriture:
"La guerre 1914-1918 décime un village entre Sologne et Berry. Des jeunes gens meurent en pleine force de l'âge, des amis, des copains ne sont plus que des croix alignées au cimetière ou de simples noms sur la stèle du monument aux Morts.
Pourquoi Gusse s'est-il confié au Glaude lors de sa dernière permission. Comment est-il mort ? A quelle date ? Quelles en sont les vraies raisons ?... François Barberousse avec son talent habituel nous entraîne dans un village solognot comme beaucoup de villages avec ses gens de la terre qui vivent au rythme des saisons, qui travaillent dur, qui habitent la nature qui les entoure... dans un style sans affectation aucune et une écriture resserrée qui retiennent l'attention.
Gusse, le héros du roman, est soldat pendant la Grande Guerre. Pour autant, le roman ne peint en rien la guerre elle-même. Il décrit le désespoir d'un jeune homme qui constate que la communauté paysanne qu'il aimait se délite au fil des années de conflit. Chaque permission est pour lui l'occasion de constater que le monde paysan est profondément blessé dans ses usages, dans ses valeurs. « L'âge d'or » des campagnes françaises (ainsi a-t-on pu nommer la période des années 1880-1900) a bien disparu. Bien qu'éloignée du front, la Sologne et sa ruralité profonde ne sont donc pas à l'abri des changements. Et tout l'art de ce roman est de savoir les peindre avec force et avec tact. Les villes vivent aussi cela. Mais elles bénéficient d'un dynamisme qui masque les mutations sociales et l'émergence de nouvelles mentalités sous les traits d'une modernité qui peut paraître attrayante. Il n'en va pas de même pour les campagnes qui, dès lors, peuvent apparaître comme les grandes perdantes de la guerre.
Note de l'éditeur
Manuscrit oublié de François Barberousse, ce troisième roman aurait dû être publié en 1938-1939 chez Gallimard. Il ne paraîtra pas, l'éditeur y trouvant un ton pacifiste peu en phase avec les événements qui vont précipiter la France dans la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, les éditions Marivole ont jugé bon de faire entendre cette voix chargée de conviction car c'est certainement le roman le plus abouti, le plus fouillé, le plus construit de ce grand romancier : une écriture simple et précise, qui dit les choses crument quand il le faut, mais qui sait tout autant décrire avec justesse le parfum d'une terre ou la drôlerie d'une situation.
François Barberousse est né en 1900 à Brinon-sur-Sauldre, et mort en 1979. Cet écrivain français fut un des auteurs phares de la collection NRF de Gallimard de 1935 à 1938. On lui promettait un brillant avenir. Contre toute attente, ce héros de la Résistance décida irrémédiablement de renoncer à l'écriture. Après le recueil de nouvelles Épis de glane édité par CPE au printemps 2012, le troisième roman de François Barberousse sort de l'oubli, 75 ans après son écriture"
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On en disait le plus grand bien, on faisait... bien: je vous reviens très vite avec une chronique perso - Kaïken, le nouveau thriller de Jean-Christophe Grangé, paraissait, le 6 septembre, auprès des Editions Albin Michel.
«Il ferma les yeux.
Il était la Loi.
Il était la Justice.
Il était le Glaive et la Sentence…»
Le dernier samouraï est un flic français, Olivier Passan.Il a deux obsessions : la traque de « l’Accoucheur », un monstre insaisissable. Et le Japon, ses rites, ses codes, sa culture.
Il croyait tout savoir de l’âme nippone.
Erreur."
Kaïken, Jean-Christophe Grangé, roman, Albin Michel, sept 2012, 472 pp, 22,9 €