Trois années se sont écoulées entre Power et Out Of The Black. Trois années à attendre impatiemment le retour de Boys Noize qui symbolise à lui tout seul l’électronique germanique. Si la première écoute fut déstabilisante, à force on s’attache à l’album et on parvient à comprendre le travail effectué par Alex Ridha sur Out Of The Black.
Influencé par la House ou l’Acid old school, ce nouvel album ne s’écarte pas de l’électronique des deux précédents opus. On est bien en train d’écouter du Boys Noize version 2012. Sans renier Power ou Oi Oi Oi, il reste dans le registre qu’il maîtrise à la perfection; l’électronique « grand public » associé à une qualité de production irréprochable.
Je suis obsédé par le son. J’achète beaucoup de machines et synthés, et je suis toujours à la recherche de comment fragmenter mes sons d’une façon peu conventionnelle. Je suis toujours attiré par la musique et les productions aux sonorités complètement différente, qu’elles soient naïve ou parfois simplement débiles. Je ne suis pas attiré par ce qui sonne de façon trop propre ou générique. Il doit y avoir une sorte d’âme. Je pense que cela explique beaucoup sur mon propre son, sur ce que je saisis instinctivement. Par contre, j’essaie de garder en tête ce qui m’a toujours attiré dans la musique de club, à mes débuts, et ce que je ressentais à cette époque. Ces pensées n’arrêtaient pas de me traverser l’esprit quand j’ai fait cet album.
Out Of The Black, que du Boys Noize
N’attendez rien de fondamentalement nouveau dans Out Of The Black. Boys Noize prolonge, fait le lien entre ses deux derniers albums, avec son identité sonore propre en ajoutant de nouveaux éléments. Alors oui, vous allez sentir un côté Bass Music sur certaines pistes comme Circus mais on reste et il ne faut pas l’oublier, chez Boys Noize, pas chez un artiste quelconque qui cherche à rentrer dans les modes pour augmenter son audience.
Je ne fais jamais de compromis quant à la créativité ou sur des questions relatives à la musique. Je fais seulement ce que je pense être cool et ce que j’aime. Ce que le marché réclame ou ce à quoi les gens s’attendent ne sont pas mes priorités. Maintenir la liberté artistique a toujours été la chose à laquelle je tenais le plus, que ce soit pour ma propre musique comme pour tous les artistes de mon label.
Une production maîtrisée
L’impression générale qui découle de cet album est la « simplicité ». Il est surprenant de voir à quel point la production d’Alex Ridha peut paraître simple (alors qu’extrêmement étudiée) et être aussi efficace. Si on considère cet album comme une continuité de ses précédentes sorties, Boys Noize a réussi son pari. Une base de départ novatrice mais un son bien plus violent, plus étudié et taillé pour la démence de son nouveau live (plusieurs dates françaises annoncées). Car oui, fini les dj sets! Boys Noize propose désormais un show où il joue ses productions sur le thème de Out Of The Black.
J’étais heureux à l’idée de me pointer juste avec mes disques et d’envoyer du son. Je ne pensais jamais à étoffer tout ça…. Je me suis toujours dit qu’après tout, le seul message important était la musique. J’y crois encore, mais maintenant j’ai envie de présenter un show dédié spécifiquement à ma propre musique. Vous voyez, j’ai vraiment envie de me produire en concert. C’est aussi pour moi un moyen de me renouveler, de faire en sorte que tout reste intéressant. Je ne veux jamais avoir l’impression que c’est un boulot. Ce serait trop ennuyant. Et étrange.
L’idée de ne pas arriver avec un disque qui sorte du « déjà-entendu » (Justice, si vous nous entendez) est un pari risqué ces temps-ci tant on peut voir des producteurs qui prennent des virages à 180 degrès pour surprendre leur public. Mais Boys Noize est resté sur ses bases et l’a fait dans les règles. Comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne. Avec Out Of The Black, il a gagné sur tous les fronts. Il a montré qu’il est encore l’empereur de l’électronique allemande, que son label Boysnoize Records est une valeur sûre et qu’il sait s’inspirer de ce qui se fait de mieux tout en restant dans un cadre qu’il maîtrise comme personne. Si certaines pistes peuvent paraître moins percutantes que d’autres, écoutez Stop pour être rassuré sur le talent du garçon.
En bref, Out Of The Black complète la discographie de Boys Noize en n’essayant pas d’aller chercher la nouveauté qui fera vibrer les foules. Avec un public conquis d’avance, il nous prouve avec ce troisième album qu’il est toujours l’un des meilleurs producteur électronique de notre époque.
L’album est disponible sur