Alors que nous n'étions encore tout à fait remis de la douloureuse expérience du Dracula de Kamel Ouali, l'an passé au même endroit, voici que Dove Attia et Albert Cohen, producteurs, nous infligent une relecture "romantique" de la Révolution Française à destination des moins de douze ans. Un spectacle bruyant musical insipide qui confond vulgaire et populaire (même si cela aurait pu être plus laid) et nous pousse, l'entracte s'annonçant et l'ennui nous ayant gagnés depuis déjà quarante bonnes minutes, à rêver du même sort que Marie-Antoinette et Louis XVI plutôt que de subir la seconde partie.
Nous vous épargnerons ici le résumé de cette intrigue historico-amoureuse cucul à souhait dont le livret est réduit portion congrue (dialogues d'une brièveté et d'une pauvreté affligeantes mais, vu le talent des acteurs, c'est un mal pour un bien...), probablement dans le but de laisser une large place à l'interprétation de supposés tubes pop. Tubes braillés dans des micros-casques rendant métalliques, aggressives, et finalement insupportables les voix les plus subtiles, tandis que les bandes orchestres (pas de musiciens sur scène) nous sont délivrées par des enceintes frôlant la saturation, l'ensemble permettant aux spectateurs les plus attentifs de saisir au mieux un mot sur deux...
Le travail de Giuliano Peparini, metteur en scène qui travailla entre autres pour l'industriel Cirque du Soleil, ne nous a pas convaincus davantage. Ses tableaux sont trop nombreux, souvent anecdotiques et visuellement inaboutis. Rien ni personne ne se pose jamais, les artistes crient, accompagnés de musique même lorsqu'ils parlent, les chorégraphies s'enchaînent sans jamais retenir notre attention. D'immenses panneaux gris sur lesquels sont projetés les décors (virtuels donc, à 90%) se meuvent en permanence sur le plateau afin de moduler l'espace. On ressort de là épuisé par tant d'énergie mise au service d'une entreprise qui ne séduit pas plus artistiquement parlant qu'elle ne divertit.
Les français se décideront-ils un jour à s'inspirer du modèle anglo-saxon pour concevoir de véritables comédies musicales ? Espérons-le. Tout reste à faire !
En attendant, passez votre chemin...
"1789, les amants de la Bastille", jusqu'à la fin décembre au Palais des Sports.