Tout commence il y a six ans, grâce au travail d’une sociologue caribéenne Juliette Smeralda. Son ouvrage scientifique, “Peau noire, cheveu crépu : l’histoire d’une aliénation” fait s’effondrer des années de certitudes et de pratiques capillaires agressives. Non, le défrisage n’est pas normal, dit Juliette Smeralda. C’est une forme de violence qui remonte au temps de l’esclavage, à l’époque où porter le cheveu lisse permettait de voir sa condition s’améliorer. Aujourd’hui, selon elle, c’est pour être belles, remarquées et acceptées que les femmes continuent à se défriser et à se blanchir la peau. Pour la sociologue, on propose aux femmes noires une esthétique (peau claire, cheveu lisse) qui n’est pas la leur. En quelques années, le livre est devenu l’élément de ralliement d’un vaste mouvement de retour au naturel en France et en Afrique mais, aussi, aux Etats-Unis où se crée le puissant mouvement “nappy”.
En dépit de l’exemple de la “first lady”, Michelle Obama, à la coiffure lisse, le mouvement américain “nappy” – un terme né de la contraction de “natural” et ”happy ” soit “une femme heureuse avec ses cheveux naturels” – a ralié les premières prises de conscience que le ”Black is beautiful” passait par l’abandon des produits défrisants et, bien sûr, des blanchissants de peau. Cette tendance a été amplifiée par internet et les réseaux sociaux où les femmes échangent conseils et informations. Curieusement, note Juliette Smeralda, “cette fois, ce sont les diasporas qui ont donné le ton. D’habitude c’est le contraire”.
Aujourd’hui, à Dakar par exemple, conscientes des dangers du défrisage et désormais fières de leurs origines africaines, de plus en plus de femmes fréquentes les salons de coiffure spécialisés dans les cheveux naturels. Comme celui de Minielle Tall qui envisage désormais d’ouvrir plusieurs autres salons.
“Demain, tous afros ? Il ne faudrait pas non plus tomber dans l’excès inverse qui voudrait qu’une femme noire qui met des extensions ne s’accepte pas. Toutes les femmes ont toujours eu leurs artifices. L’enjeu aujourd’hui, c’est d’avoir le choix, de balayer les préjugés (comme cheveu crépu = cheveu sale ou négligé) et de ne plus avoir honte. D’aller vers un autre idéal de beauté, plus proche de soi que du mannequin sur la photo” conclut un article de Lionel Loko pour Moqita publié sur le site du magazine Glamour.
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