C'est juste l'envie d'une nouvelle rubrique, histoire de dépoussiérer un peu ces pavés et de me faire plaisir. Comme ça s'appellera C'est Mercredi !, la mise en ligne se fera le mercredi, ou pas et je ferai court pour donner aux quelques lecteurs habitués du site, mais avec qui je ne vis pas et que je ne rencontre pas tous les jours, ni toutes les semaines, ni tous les mois (etc.) des nouvelles, non pas de mes consommations personnelles, mais de mes tendances en matière de ciné, de lecture, de goûts et de dégoûts et autres matières qui ne trouvent pas place, habituellement ici, faute de temps, tant il est vrai que j'ai une tendance fâcheuse à m'étendre quelque peu, quand j'aborde un sujet. Là, ce sera du rapide, du vite dit, vite lu, avec le secret espoir, peut-être, de donner des idées à celles et ceux qui en souhaiteraient, sans prosélytisme, je n'aime pas ça. Et, je l'espère vivement, sans tomber dans le narcissisme béat et consumériste du J'ai mangé ça, J'ai lu ça, J'ai acheté des chaussures et un poisson rouge, J'ai été au coiffeur, ma vie est passionnante, c'est génial. Enfin, vous me direz ce que vous en pensez.
Ça aurait cette allure-là.
Bonjour, c'est mercredi et...
Au cinéma, le dernier film qui m'a comblé, c'est Amour de Haneke. Je ne comprends même pas comment une oeuvre accomplie dans la pudeur, la retenue, mais un réalisme qui peut faire mal, a pu susciter la moindre polémique. Mes oscars de la semaine (et du mois qui s'éteint) à Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, toujours au sommet de leur art, depuis un moment et à Isabelle Huppert qui a le talent discret de ne pas leur faire de l'ombre.Toujours au ciné, j'ai adoré revoir, à l'occasion de la rétrospective Marcel Carné à la Cinémathèque, Le Pays d'où je viens (France, 1956) qui, au-delà des sentiments qui m'attachent à ce film rare, confirme à chaque vision les qualités d'un très joli contre de Noël dans lequel tout le monde se révèle gentil et d'une histoire d'amour en chansons et en fantaisie.
Sinon, j'ai adoré l'évidence solaire de In another country (Hong Sangsoo, avec la Huppert), la poésie circulaire de Like someone in love et l'élégance subtile et un peu déphasée de Damsels in distress (Whit Stillman, avec l'encore délicieuse Greta Gerwig, pourvu qu'Hollywood ne nous la gâte pas). Et j'ai pesté une fois de plus contre ces putains de titres en anglais !Ca vous intéresse, ce que je lis ? Non ? Je vous le dis quand même. J'ai commencé Une Odyssée Américaine (2008) de Jim Harrison, qui se lit agréablement. Cette chronique État par État d'une traversée des US en voiture par un nouveau retraité n'a pas le souffle et le lyrisme parfois tragique des grandes oeuvres de Big Jim, comme Dalva et sa suite, La route du retour, De Marquette à Vera Cruz et sa suite Retour en terre ou comme tous ces courts romans publiés par 10/18 par trois. J'ai fait une pause dans ma lecture, pour une urgence : dimanche, à La belle lurette, chouette petite librairie de la rue Saint-Antoine, j'ai été frappé par un coup de foudre aussi violent qu'inattendu à la vue de la couverture de Moderato cantabile(1958) de Marguerite Duras. La collection de poche des Éditions de
Minuit est vraiment réussie, élégante, elle donne envie de lire de beaux textes. L'écriture douce de Duras ne saurait décevoir, ni ses déterminations sociales qui nous rappellent Prévert-Carné (non, je plaisante).
A propos de Prévert-Carné et de détermination sociale, ce long weekend sera l'occasion de redécouvrir comment l'électronique a pu raviver la noirceur hâvraise du Quai des brumes, sans doute au Nouveau Latina, où ma mère voyait un film quand elle a ressenti l'appel de la maternité (c'était moi, oui). Sont prévus également une expo en voisin (Alice Spings à la Maison européenne de la photographie, à deux pas de chez nous), un concert (Amanda Palmer à la Maroquinerie, événement excitant après l'écoute du nouveau disque, Theatre is Evil, produit loin des Majors) et un ballet au Théâtre de la Ville (Racheter la mort des gestes, Chroniques chorégraphiques 1, hommage de Jean-Claude Gallota à Hervé Guibert).
Je continuerai à écouter
et et à chanter que Paris sera toujours Paris.Ca en fait, un weekend chargé. Et ça en fait, un billet qui se voulait court, tout court. Tant pis, le prochain sera mieux. A la semaine prochaine.