- qu’une pièce va se jouer à Paris. Elle sera vue. Les spectateurs y viendront par voyeurisme ou curiosité et repartiront la queue entre les pattes, sans en savoir beaucoup plus sur l’affaire évoquée que lorsqu’ils étaient arrivés. Probablement déçus, ils ne le diront pas, car ils auront payé leur place et ne s’en vanteront pas. Ou ils mentiront, feront des phrases sur la qualité de l’œuvre, la liberté des artistes, le brio des comédiens. Suite 2806, je cite, n’est pas une pièce à charge contre DSK ou Nafissatou Diallo. Je cite encore, le texte interroge sur l’origine des addictions sexuelles du personnage sans juger. Places entre 24 et 28 euros, cela aurait-il valu plus ? Le thème de la pièce est surtout racoleur, l’auteur et le producteur pourraient au moins l’assumer ! A moins que le biographe officiel de DSK ne se cache derrière, que l’ex-directeur du FMI touche quelques royalties, ou même, cherche à se refaire une virginité, campé par un acteur en peignoir blanc ? Car si elle n’est pas à charge, la pièce, elle serait donc le contraire ? Si elle fouille les addictions, c’est pour trouver explication ? Pas une excuse, tout de même ? Demain, pendant le petit déjeuner, cul nu au cas où des paparazzis roderaient, je concocte une pièce sur la mort présumée possible et future de Johnny Halliday, entouré de cadavres de bouteilles, et je lance un concours, ouvert à vous tous, pour le scénario d’un long-métrage sur les suicides de Loana. Ne l’appelez pas La piscine, le titre a déjà été pris ! Ingurgiter des déjections putréfiantes, gangrénées et ignominieuses n’est pas qu’une phrase avec des mots dedans, c’est aussi très beurk !
- que Sandy a fait des dégâts, et a fait beaucoup jaser aussi. Tempête à New York, t’en entends parler partout, bien plus que lorsqu’elle passe en Haïti. Que les féministes ou les Sandy de naissance ne s’offusquent pas, depuis 1979, les cyclones sont baptisés avec des prénoms anglais, espagnols et français, alternativement masculins et féminins. C’est tombé comme ça ! Basé sur 6 ans et six listes, les années paires débutent par un prénom masculin et les années impaires par un prénom féminin. Voilà. Par ailleurs, dès le début de l’alerte sur la Grosse Pomme, une photo qui montrait la Statue de la Liberté au milieu de l'ouragan a fait le tour des réseaux sociaux. Las, la photo était truquée, un petit montage effrayant et donc attirant ! Lorsque le virtuel se fait croquer par du factice croyant à du factuel, c’est risible et pourrait devenir rituel. Ingurgiter des déjections pétrifiantes, abasourdissantes et illusoires n’est pas qu’une phrase avec des mots dedans, c’est aussi très pouah !
- qu’il semblerait qu’on penserait qu’on avancerait qu’on suggérait qu’il n’y aurait plus grand-chose à écrire dans Wikipédia. Sur les grands sujets encyclopédiques, tout aurait été fait, au moins pour les articles majeurs sur les grandes guerres, les figures historiques importantes, les concepts scientifiques centraux. Il y aura toujours des corrections, de meilleures citations, des petites mises à jour, de nouveaux liens, un formatage plus soigné, mais le gros du travail, la véritable rédaction et la structuration d’articles auraient déjà été faites. Ne reste plus donc à tout apprendre par cœur, tout savoir sur le bout des doigts, puis veiller, être à l’affût, guetter les modifications, sauter sur les variations même minimes, et vérifier, corréler, s’assurer de la véracité des sources, des informations, des notes de bas de page, des référencements. Se mettre à plusieurs dans des lits à barreaux, ne plus en sortir, s’y sustenter, dormir le moins possible en se relayant, et tout lire, pour tout retenir, et ne le quitter que docte. Ingurgiter des contributions pléthoriques, grouillantes et surabondantes n’est pas qu’une phrase avec des mots dedans, c’est aussi très blurp !