Film réalisé par Sam Mendes avec au casting Daniel Craig, Judi Dench, Javier Bardem, Bérénice Marlohe, Naomie Harris et Ben Whishaw.
Au cinéma depuis le 26 Octobre.
Synopsis : Lorsque la dernière mission de Bond tourne mal, plusieurs agents infiltrés se retrouvent exposés dans le monde entier. Le MI6 est attaqué, et M est obligée de relocaliser l’Agence. Ces événements ébranlent son autorité, et elle est remise en cause par Mallory, le nouveau président de l’ISC, le comité chargé du renseignement et de la sécurité. Le MI6 est à présent sous le coup d’une double menace, intérieure et extérieure. Il ne reste à M qu’un seul allié de confiance vers qui se tourner : Bond. Plus que jamais, 007 va devoir agir dans l’ombre. Avec l’aide d’Eve, un agent de terrain, il se lance sur la piste du mystérieux Silva, dont il doit identifier coûte que coûte l’objectif secret et mortel…
Critique par Maxime
James Bond, épisode 23. 3ème film sous l’ère Craig. On peut bel et bien parler « d’ère » Craig tant les films réalisés depuis qu’il interprète le plus célèbre des agents secrets ont amené un renouveau et un rafraichissement nécessaire à la saga. James Bond est désormais un héros tourmenté, qui n’est plus sur de lui et semble perdre ses repères dans un monde ou les notions de bien et de mal semblent complètement brouillées. Un héros en phase avec son époque, en quelque sorte.
A la suite d’une mission désastreuse en Turquie, 007 est présumé mort. Le Mi6 est plus que jamais menacé suite à la perte d’une liste d’agents britanniques infiltrés dans des organisations terroristes. M est remise en question par le gouvernement. Bond va donc être obligé de reprendre du service et même d’effectuer une série de tests en guise de remise à niveau qui va s’avérer laborieuse.
James Bond semble donc obsolète, comme M. Ils ne sont plus prêts pour affronter les menaces d’aujourd’hui, il serait temps pour eux de passer la main. C’est dans cet affrontement passé/présent que l’on va trouver l’enjeu de Skyfall et qui va se retrouver dans chaque aspect dramatique du film. Celui-ci se trouve tout d’abord de manière évidente dans les motivations du méchant de l’histoire, Silva. Interprété par un Javier Bardem décoloré en blond, celui-ci ne veut pas détruire le monde mais simplement se venger de M qui l’a trahi dans son passé. Et, pour se venger de ce passé, il emploie les armes du présent : l’informatique. C’est dans cette apparente simplicité du méchant que réside sa richesse. Il mène une quête affective qui le pousse à voir grand (l’attaque du Mi6) et ne le rend que plus effrayant.
Cependant, même si James Bond semble en perpétuelle difficulté dans ce film, c’est à chaque fois à l’ancienneté que l’on donne raison. Tout d’abord, dans le contraste entre Q, personnage célèbre de l’univers bondien et qui fait ici son grand retour, et 007. Le jeune génie de l’informatique est capable de concevoir des programmes et des armes Hightech mais en aucun cas de trouver un mot de passe en rapport avec une ancienne station de métro londonienne. C’est Bond qui s’en chargera. Puis c’est également en retournant dans le passé du héros, dans ses origines, que 007 triomphera. On peut au passage noter l’intelligence du script qui nous renvoie dans le passé de Bond, chose très peu faite dans la saga dans sa globalité. Il est également très intelligent d’avoir recentré l’intrigue sur l’un des personnages forts de l’univers Bondien: M. Surtout lorsque celle-ci est interprété par Judi Dench. Cela faisait longtemps que les films tenaient un personnage fort sous la main sans réellement l’utiliser: erreur rétablie.
C’est donc ce postulat de base scénaristique (affrontement classicisme/modernité) qui permet au film d’être très réussi, et d’avoir une histoire qui fonctionne parfaitement. A partir de cela, on peut créer des personnages forts. Et il ne fait aucun doute que Silva/J.Bardem sera très vite considéré comme l’un des meilleurs méchants bondiens. Preuve en est la première séquence où il apparait. Dans un dialogue avec Bond lourd en sous-entendus homosexuels, il est à la fois charismatique, puissant et fou: il est parfait. On peut d’ailleurs regretter quelque peu qu’il n’apparaisse qu’au bout d’une heure de film. Peut-être pour ne pas voler la vedette à Daniel Craig?
Daniel Craig, justement, parlons-en. L’acteur est impeccable comme toujours. Il est brutal mais a une grande classe folle. Charmeur également. Bref, il est James Bond.
C’est plutôt du coté de la James Bond girl qu’il faudra chercher la grosse déception du film. Séverine/Bérénice Marlowe est clairement sacrifié. Et c’est d’autant plus dommage lorsque l’on constate que son personnage était loin d’être inintéressant, comportant une part de mystère intriguant. On est malgré tout bien loin de la charismatique et secrète Vesper Lynd (troublante Eva Green) de Casino Royale.
Avec Sam Mendes derrière la caméra, on pouvait peut-être avoir des doutes sur la qualité et la fluidité des scènes d’actions après l’épuisant Quantum of Solace (réalisé par un autre cinéaste-auteur, Marc Forster). Mais au bout de quinze minutes, on est vite rassuré. La première séquence à Istanbul est magistrale de fluidité. Comme quoi, la caméra n’a pas besoin de bouger dans tous les sens pour qu’une séquence de course-poursuite soit réussie. Une caméra stable fait largement l’affaire.
Le réalisateur a également emmené avec lui le chef opérateur Roger Deakins, traditionnel collaborateur des frères Coen. Et, de nouveau, c’est un pari gagnant.
Que ce soit à Shanghai, à Macau ou encore lors de la séquence finale dans les landes écossaises, l’image est superbe. Les nombreux voyages effectués par Bond pouvaient donner lieu à une photo superbe. Cela a déjà été le cas dans les films, mais rarement à ce point-là.
Au final, Sam Mendes réussit un subtil mélange entre achétypes de la tradition bondienne et modernité qui en ravira plus d’un. Après l’excellent Casino Royale et le raté Quantum of Solace, voici un (nouvel) opus très réussi pour l’ère Craig. Depuis qu’il interprète 007 (soit depuis 6 ans), on note déjà deux films très réussis dans la saga, qui sont probablement déjà considéré comme les meilleurs de tous les James Bond. Et tout cela seulement en trois films. De quoi étendre l’aura de Bond pendant encore plusieurs années.
Note : 4/5