Enfin, il y a une piscine creusée qui occupe tout l'espace qui ferait notre terrain. C'est pas nous qui l'avons mise là, ce sont les proprios d'avant. Ils l'ont fait en 1999 et nous avons acheté en 2002.
Au bout de cette piscine, passé le cabanon, se trouve un petit bout de terrain, à peu près 30 pieds par 50 pieds. C'est en fait une servitude appartenant à Hydro-Québec. Les propriétaires précédents l'avaient décoré avec de petites chaises et des matanteries. Ils nous avaient dit que depuis 1980 (année de construction de la maison) jamais personne de l'Hydro ne les avaient écoeurés de leur présence. Même qu'un employé y était passé un jour en leur confirmant qu'ils avaient bien le droit d'y faire ce qu'il voulait mais qu'au bout du compte ce terrain leur appartenait (à Hydro) peut-être qu'un jour ils auront à y passer mais entretemps, aucun problème.
Nous, avec le temps, nous avons peu à peu évacué les matanteries, y avons placé des balançoires et une glissade pour Punkee, un but de hockey pour Monkee et un trampoline. Nous avons aussi déplacé un lilas mal placé en plein milieu du terrain pour le replanter dix pieds plus loin dans le coin gauche du terrain. On y a mis un foyer récupéré du chalet de mon enfance. Trois gros sapins font un décor féérique l'hiver dans ce coin-là. Si le terrain n'était pas aussi inégal, je m'appliquerais chaque hiver à y faire une patinoire comme mon père le faisait quand j'étais ti-bout de cul.
Nous savions depuis l'automne que les massifs pylones hydro-électriques qui ne servent plus depuis 10 ans allaient être délogés par des équipes d'Hydro-Québec. Pour ce faire, ils devaient inévitablement passer par ce bout de terrain duquel il fallait de notre part, tasser nos gugusses. Ce que nous avons religieusement fait, une semaine avant le passage des ouvriers. L'amoureuse souhaitant même qu'ils sacrifient deux des sapins. Les pylones sont 4 maisons plus loin.
Hydro nous as promis de remplacer tout ce qu'ils cochonnaient même si ils n'ont pas besoin de le faire puisque ce bout de terrain leur appartient. Ils y ont passé des petits camions à chenilles, arraché une partie de la haie, brisé deux clotûres qui nous séparent du voisin (qui lui ne fait rien de ce bout de terrain) et ils passent au marteau-pilon des morceaux de ciment depuis un mois, du matin au soir.
En circulant toujours sur la partie de terrain qui est au bout de notre piscine. Je travaille à l'ordi et me suis habitué au passage de petits casques blancs ou jaune ou à de purs étrangers qui s'étonnent de découvrir un homme dans la verrière au bout d'une piscine qui pianote sur son ordi.
Ça ne me dérange en rien, même que je crois naivement qu'ils vont peut-être améliorer ce petit bout de terrain inégal à la fin des travaux.
L'autre matin, un jeune employé frisé s'est posté tout à fait de dos et faisant face au mur du voisin arrière. Il a pris la peine de regarder derrière lui afin de voir si on le regardait. Oui, je le regardais. Il a vu que je l'ai vu mais il était trop tard. Sa zoune était probablement au vent et il pissait allègrement. J'ai fais exprès je me suis levé pour le regarder faire. Il a pris une demie-éternité a vider sa vessie. Assurément parce qu'il souhaitait que j'ai le temps d'aller faire autre chose. J'étudiais ses mouvements et je voyais bien que de par sa position, il ne pouvait faire autre chose que de pisser. Il a finalement rangé sa saucisse en sursautant quand j'ai ouvert la porte de la verrière pour hurler PÉNIS!. Il m'a regardé, a vu que je le regardais et s'est poussé au pas accéléré. Je suis allé voir sur place et ai même pensé pisser par-dessus sa pisse. Au bout du compte, je pisserais chez nous, mais en même temps chez eux aussi. Mais après tout j'aime mieux qu'il se débrouille plutôt qu'il me demande de faire ses gouttes autour de mon bol.
Quelques jours plus tard, comme si ils s'étaient passé le mot, un autre employé, plus vieux, un homme enceinte de facilement neuf mois et demi, qui m'offre son dos, penche la tête vers l'arrière et saisit son tuyau pour l'expurger de son contenu salé. Au même endroit.
J'ai lancé ce sensor dans le boisé-de-la-pisse et placé les caisses de son sur la galerie du cabanon, à l'abri des regards.
Quand le vieux potiron est repassé pour y laisser une trace de jaune deux jours plus tard (hier), il a touché le sensor et un cri d'horreur l'a fait trésaillir.
Il en a perdu son pantalon et peut-être un peu bruni sa culotte. Il est tombé de face sur le sol inégal et drapé d'aiguilles de sapin, ce qui a semblé lui faire mal au zigouli.
Il gémissait en tout cas comme un sanglier embroché.
Je sais, je regardais tout ça de la verrière.
Pop-corn au bec et sourire plein la face.
Pisseux, pissou.